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Le Web français invisible pour les malvoyants

BrailleNet a fait tester trente des principaux sites Internet commerciaux. Aucun n’atteint le niveau minimal d’accessibilité pour les déficients visuels.

Être internaute ne suffit pas pour surfer sur Internet. Une étude portant sur trente des principaux sites français vient ainsi de montrer que l’accès à leurs informations est quasi impossible pour les non- et malvoyants. La mobilisation
politique en cours s’annonce donc longue.Il existe depuis 1999 un groupe de travail (Web Accessibility Initiative) qui a publié des certifications WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) permettant aux sites Web de
rendre leurs données lisibles par tous. Cela consiste par exemple à associer à chaque image une alternative texte, à titrer clairement chaque page Web… L’Union Européenne en 2002, puis la France en 2003, ont ainsi entamé des efforts pour rendre
accessibles aux malvoyants l’ensemble des informations publiques.Des certifications ont été créées pour distinguer les sites bien construits. En France, le très strict label AccessiWeb décerne ainsi des médailles aux pages méritantes. Et n’a pour l’instant attribué qu’une médaille d’or, à l’agence de
communication ‘ Press et vous ‘.Une évaluation plus souple existe par l’intermédiaire des tests WCAG, qui permettent de classer les sites de A (accessibilité minimale) à AAA (accessibilité totale). Aux Etats-Unis,
obligation légale est d’ailleurs faîte aux entreprises et administrations d’obtenir au moins le niveau A.

Le site de la SNCF pris en défaut

BrailleNet, l’association hexagonale de référence, a donc décidé de mettre à l’épreuve les principaux sites français. Des Pages Jaunes à Ouest France en passant par Au Féminin et Monster.fr, trente d’entre eux ont
été inspectés. Dont trois qui n’ont même pas pu être testés : Allociné, ThéâtreOnline et SNCF.com.’ La SNCF est une de nos principales cibles, explique Yoan Simonian, responsable technologies de la cellule accessibilité de BrailleNet. Son site utilise plusieurs scripts qui redirigent vers
d’autres pages, une technique ne fonctionnant pas avec les navigateurs textuels utilisés par les malvoyants. Ceux-ci ne peuvent donc accéder à aucune information. ‘
Les sites restants ont été évalués en fonction de 10 critères WCAG. Avec comme obligation le zéro faute. Qu’un seul de ces critères ne soit pas respecté et, selon BrailleNet, ‘ il existera au moins une
situation dans laquelle un internaute ne pourra pas interagir avec au moins un élément de ce site (le trouver, saisir son information,…). ‘
Sur les 27 sites restants, seuls 7 d’entre eux respectaient plus de
cinq critères. Et aucun la totalité.Ainsi, trop souvent, les informations sont placées sous forme uniquement graphique. Alors que le principe de base de l’accessibilité veut que toute image et tout élément multimédia aient un équivalent en mots, pour pouvoir être
déchiffré par les navigateurs textuels. De même, nombre de formulaires sont inutilisables, faute de texte descriptif. C’est suffisant pour transformer le Web commercial en zone dombre pour les malvoyants français.

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Ludovic Nachury