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Le Web… rien que le Web

Finie l’informatique à la papa. Pour Google, tout se passe désormais en ligne. Un concept que le géant met en œuvre dans Chrome OS, le système d’exploitation maison. Analyse.

Quitte ou double. Google entre en concurrence frontale avec Microsoft et Apple. Le coup d’envoi a été lancé mardi 7 décembre, lors d’une conférence de presse à San Francisco relayée sur le Web. Le Web justement… C’est le cœur de l’affaire, car le système d’exploitation de Google, Chrome OS, c’est tout simplement “ le Web, et rien d’autre que le Web ”, comme le présentait Sundar Pinchai, vice-président de la division Produits du moteur de recherche. Car, à bien y réfléchir, nous dit Google, à part faire tourner un navigateur pour aller sur Internet, à quoi sert aujourd’hui un système d’exploitation ? A peu de chose, si ce n’est compromettre la sécurité de l’ensemble et ralentir le navigateur… Chrome OS n’est donc ni plus ni moins que le navigateur Chrome qui fonctionne directement avec le matériel. Démonstration : un notebook avec Chrome OS démarre en une dizaine de secondes, et, une fois connecté, sort instantanément du mode veille. Plus de soucis de mises à jour non plus, puisqu’elles se font seules, en permanence. Et les logiciels alors ? Le pari, c’est de s’en départir pour ne plus passer que par des applications Web. Et ensuite stocker les données sur des serveurs distants, “ dans le nuage ”. Il s’agit donc d’une révolution complète, que l’on vivra quotidiennement durant la décennie à venir.

Un écosystème qui lie l’utilisateur

Bien sûr, pour faire du Web le successeur des environnements informatiques classiques, il faut que le public ait accès à une riche logithèque. Google a donc ouvert son “ magasin d’applications Web ”, le Chrome Webstore (http://chrome.google.com/webstore). Une structure, disponible aussi bien pour le navigateur Chrome (120 millions d’utilisateurs dans le monde) que pour Chrome OS, où l’on peut trouver et “ installer ” des applications Web gratuites ou payantes. Une évolution qui va nous habituer à souvent passer à la caisse, sous forme de micro-paiements, pour des contenus auparavant accessibles gratuitement sur le Web… et dont l’interopérabilité d’un navigateur à l’autre ne sera peut-être plus garantie. En libérant l’utilisateur des soucis matériels et logiciels, Google le lie à son écosystème, comme Apple a su le faire avec l’iPhone ou l’iPad et iOS.En tirant parti des fonctions de mise en cache de données du HTML 5, certaines applications Web du Chrome Webstore peuvent fonctionner hors ligne. Aucun problème donc si l’on perd la connexion en pleine édition de document dans Google Documents : dès que la connexion revient, la synchronisation se fait de façon transparente pour l’utilisateur. Difficile de perdre sa connexion de toute façon : les netbooks Chrome OS sont livrés avec une connectivité 3G intégrée et partiellement gratuite, passant par le biais d’accords avec des opérateurs, Verizon pour l’Amérique du Nord.Pour Eric Schmidt, le PDG de Google, Chrome OS sera un “ troisième choix viable ”. La guerre des OS contre Microsoft et Apple est bien lancée. Et la clé de la victoire pourrait être tarifaire : Google, qui tire presque tous ses revenus de l’affichage des publicités dans son moteur de recherche, peut se permettre d’offrir un système d’exploitation qui, à terme, ne peut qu’augmenter le trafic sur le Web, et donc ses revenus.

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Stéphane Viossat