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Le WAP offre Internet aux terminaux sans fil

Afficher des informations issues de sites Web sur un téléphone mobile, c’est possible grâce au protocole WAP. Les contraintes de communication, comme la bande passante, ont influencé les travaux du WAP Forum.

Durant une semaine, lors de Telecom 99, à Genève, il ne fut question que de WAP (Wireless application protocol), le protocole pour les applications sans fil. Pour comprendre cet engouement des équipementiers télécoms et des éditeurs pour ce protocole miracle, il suffit de constater que le nombre de terminaux mobiles devrait atteindre le milliard en 2005. Sur la planète, le mobile deviendra alors le moyen le plus répandu pour accéder à Internet. Un futur annoncé dès novembre 1998 dans l’étude Mobile Corporation du Yankee Group Report, qui prévoyait que pratiquement toutes les entreprises européennes emploieraient les télécommunications sans fil dès 1999, pour développer leur activité. Les Etats-Unis, malgré leur retard technologique en matière de téléphonie mobile numérique, ne sont pas en reste. Plus de 60 % des utilisateurs de terminaux sans fil veulent combiner le transfert de données avec celui de la voix, selon l’étude Wireless Intelligent Terminals, du Yankee Group Report, également publiée en novembre 1998.
De telles perspectives aiguisent la concurrence entre équipementiers. Précurseur, Ericsson a dévoilé, dès 1995, le projet d’un protocole universel fournissant des services à valeur ajoutée sur les téléphones mobiles. Cette initiative a donné naissance au protocole ITTP (Intelligent terminal transfer protocol). La réplique n’a pas tardé. Nokia et UnWired Planet ont lancé leurs propres initiatives en parallèle, qui vont façonner le monde d’aujourd’hui. En 1997, Nokia réfléchissait au concept du Smart messaging (message futé), qui permet de relier les téléphones mobiles à Internet. Les travaux de UnWired Planet enfantent, pour leur part, le protocole HDTP (Handled device transport protocol). Tout comme le protocole HTTP, HDTP a pour rôle d’assurer les transactions de type client-serveur pour le transfert des documents. Ces sociétés ont mis au monde, avec l’aide de Motorola, la version 1.0 du protocole WAP. Même si l’idée de base pour relier les mobiles à Internet est fort simple, Il reste que les terminaux et l’infrastructure existants imposent des contraintes majeures. En premier lieu, il faut s’adapter à une bande passante ridicule. Les transferts de données ne dépassent que très rarement les 9 600 bits/s. Ensuite, comment afficher les informations d’un serveur Web classique sur un écran de type 9 * 25 caractères ?
Parmi les autres défis que WAP doit relever, il ne faut pas oublier que la liaison sans fil a plus de chance d’être perturbée par des éléments extérieurs qu’une connexion filaire traditionnelle. Les insuffisances d’une alimentation par de minuscules batteries (manque de puissance et autonomie réduite), une capacité de mémoire restreinte et une puissance de calcul très limitée viennent alourdir cette liste d’inconvénients. Pour faire face à ces contraintes, les membres du WAP Forum ont rivalisé d’ingéniosité. Résultat, après moins de dix-huit mois, tout le monde parle du WAP. Cette suite de protocoles est fortement inspirée de TCP-IP et adaptée à la manière du mobile. WAP est composé de cinq couches. En prenant comme référence la norme ISO, et en partant de la couche applicative pour redescendre vers la couche physique, la pile WAP comprend la couche application WAE (Wireless application environment). Elle réalise l’interface avec les différents services commercialisés par les opérateurs (consultation de compte bancaire en ligne, accès à un serveur météo, recherche du médecin ou du garagiste le plus proche, passage d’ordres de bourse ou consultation d’un itinéraire).

Le transfert en mode sécurisé, directement intégré à WAP

Le transfert en mode sécurisé, directement intégré à WAP Vient ensuite le protocole de session sans fil WSP (Wireless session protocol). Cette couche se positionne au même niveau que le protocole HTTP dans le modèle Internet. Elle est complétée par le protocole de transaction sans fil Wireless Transaction Protocol (WTP), qui s’assure de l’envoi et de la réception des paquets IP. Le tout s’appuie sur la couche spécialement développée pour les transferts de données sécurisés WTLS (Wireless transport layer security). Le transfert de données en mode sécurisé est donc directement intégré à WAP. Il agit au même niveau que les TLS?”SSL (Transport layer securities-Secure socket layers). Reste le niveau WDP (Wireless datagram protocol). Celui-ci équivaut au niveau transport de la couche ISO. Ainsi bâti, WAP prend place dans le terminal sans fil. Mais, pour que l’accès à Internet soit possible, il faut aussi que l’infrastructure de l’opérateur soit prévue en conséquence.

Le consensus autour de WAP et de WML est inévitable

Outre la migration obligée vers des infrastructures GPRS, l’opérateur doit mettre en place des passerelles WAP. Elles sont raccordées à Internet et traduisent les paquets WAP en trames IP. Nokia et Phone.com proposent, d’ores et déjà, de telles passerelles. Leurs approches sont très différentes. L’équipementier finlandais a décidé de faire deux sauts technologiques d’un coup. Son produit repose sur la technologie des servlets et s’appuie sur WML (Wireless markup language), équivalent de HTML pour décrire les pages. Cette passerelle est plutôt destinée aux entreprises. Celles-ci pourront donc délivrer directement de nouveaux services aux itinérants. Phone.com, lui, a opté pour une solution plus proche des standards Internet. Son serveur WAP repose sur des CGI (Common gateway interfaces). Cette approche cible en priorité les opérateurs de télécommunications et les entreprises se spécialisant dans l’externalisation. La passerelle de Phone.com s’appuie sur HDML (Handheld device markup languages), le langage maison, pour mettre en forme les informations. Du fait de leur disparité, l’interopérabilité des deux solutions n’est pas encore de mise. Toutefois, comme pour chaque nouvelle technologie, on verra apparaître très rapidement un consensus autour de WAP et de WML, tandis que HDML sera progressivement abandonné. Reste que l’essor des nouveaux services est lié à l’évolution de l’infrastructure des réseaux sans fil. Les opérateurs et les équipementiers y travaillent d’arrache-pied. ; X.B.

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par Olivier Ménager et Xavier Bouchet