Pistolet à peinture dans une main, téléphone Wap dans l’autre, les peintres-carrossiers se mettent au diapason des nouvelles technologies de communication. Depuis septembre dernier, grâce au fabricant de bases de peinture à mélanger R-M, ils peuvent en effet consulter, via leur terminal Wap et pour le prix d’une communication mobile classique, près de 300 000 formules différentes composables à partir de 100 000 coloris disponibles. Référencés dans sa base de données, ces pigments sont utilisés par une quarantaine de constructeurs à travers le monde. Objectif de cette nouveauté : connaître im-médiatement les proportions en poids et en volu-me des mixtures qui ser- viront ensuite à créer une sous-couche, une couleur ou un vernis d’origine, et ce quels que soient la marque, le modèle et le type de véhicule (voiture, utilitaire, moto…). Ces informations, disponibles 24 h/24, bénéficient d’une mise à jour quotidienne. Cette dernière est transmise par courrier électronique depuis l’Allemagne, lieu de localisation de la base de données, jusqu’au serveur de R-M, dans l’Oise. Avis aux peintres du dimanche, ces combinaisons sont aussi accessibles au grand public. Cette nouvelle application complète l’offre web de l’industriel, mise en ligne en 1996. À l’époque, R-M était déjà le premier de son secteur d’activité à s’emparer d’internet pour faciliter la vie de ses clients.“Nous voulons être numéro 1 en tout”, lance d’ailleurs Ian Hobday, vice-président de R-M. L’entreprise s’appuie également sur une idée plus pragmatique, puisqu’une partie non négligeable de son marché se situe dans des pays émergents d’Europe de l’Est, d’Afrique et d’Asie. Là où les réseaux téléphoniques filaires sont peu développés et où il est donc plus aisé et plus économique d’avoir un téléphone mobile Wap qu’un PC. Autre aspect, la croissance exponentielle des ventes de mobiles. Selon le Gartner Group, près d’un milliard de terminaux GSM seront en circulation d’ici à 2002 ; 40 % d’entre eux seront compatibles Wap… Pour la petite histoire, les peintres devront tout de même, par précaution, sortir de leur atelier avant de mettre en marche leur téléphone, car, légalement, il est interdit d’utiliser un mobile là où sont stockés des solvants. Les ondes émises pouvant provoquer un… incendie.
Recherche passerelle désespérément
Né en mai 2000, le projet Wap n’a pas mis longtemps à se concrétiser, d’autant que R-M souhaitait présenter le service dès septembre, lors du salon Automechanika qui se tient tous les 2 ans à Francfort (Allemagne). “Rapidement, nous nous sommes rapprochés de Nokia et d’Ericsson afin de comparer leurs propositions de création d’une passerelle Wap privée ; mais elles étaient trop chères par rapport à nos besoins et au budget que nous nous étions fixé, soit quelque 30 490 ? (200 000 F)”, explique Claude Arriveau, chef de projet chez R-M. L’équipe s’est donc tournée vers le Web pour dénicher une passerelle gratuite. Elle a retenu l’offre wapfr d’Atos-Origin. Simple et rapide à paramétrer depuis son site wapfr.net, Atos-Origin délivre un numéro d’appel, un login et un mot de passe, communs à tous les utilisateurs, ainsi qu’une adresse IP. Il suffit de configurer ces paramètres et une dizaine d’autres sur son portable pour avoir accès, depuis la France, à tous les serveurs Wap de la planète. Pour les autres pays, on peut trouver de nombreuses passerelles également gratuites sur le site wapdrive.com. Pour les PDA équipés d’une connexion téléphonique, l’utilisateur doit télécharger un émulateur Wap (EzWap par exemple) depuis le site telecharger.com. “La mise en ?”uvre du Wap a été simplifiée puisque nous nous sommes largement inspirés de notre site web, relate David Mousse, chargé de la maintenance et du développement web et Wap chez R-M. Nous avons seulement dû réécrire les pages pour que, lors de la requête, les données s’affichent en WML.”
Les solutions choisies reroutées vers un fax
Concrètement, le portable se connecte à un FAI, puis émet une requête Wap vers la passerelle. Cette dernière transforme la requête au format HTTP afin de la soumettre au serveur. Une fois la demande analysée, le serveur y répond, puis la passerelle la transcrit en WML et en WMLScript pour renvoyer la réponse vers le terminal mobile. La plus grande difficulté pour la conception de ces pages a été de trouver le plus petit dénominateur commun afin que les informations ne se dégradent pas selon le modèle de téléphone GSM. Les navigateurs sont normalement compatibles avec WML 1.1.0 et 1.1, mais, à l’épreuve, la réalité est tout autre. Pour éviter ces aléas, c’est le “système D” qui a prévalu. À l’époque, les développeurs ont acheté tous les principaux Wap du marché, puis formulé de nombreuses requêtes. Étant donné les résultats affichés, sur chacun des écrans, ils adaptaient les pages. “De fait, les données sont sans fioritures et nous avons soigneusement évité toutes les commandes “exotiques””, commente Claude Arriveau.Pour l’heure, il faut une bonne minute pour se connecter au serveur Wap. Une fois en ligne, le peintre-carrossier sélectionne les caractéristiques techniques du véhicule à l’aide d’un menu déroulant. En quelques secondes, les formules s’affichent couche par couche sous forme de tableaux. Si certains portables conservent les données une fois la ligne interrompue, d’autres ne le font pas. L’utilisateur peut alors activer la fonction Fax (logiciel DelrinaFax Pro proposé par Symantec). Il entre son numéro de télécopie, valide l’envoi et reçoit instantanément les données extraites des pages HTML. À terme, il pourra aussi recevoir ces informations par e-mail. Évidemment, l’application peut paraître modeste, mais comme le souligne Claude Arriveau : “Lorsque nous avons lancé rmpaint.net, nous plafonnions à une centaine de consultations par mois au début ; aujourd’hui, nous en enregistrons 4 000 au minimum. S’il fallait mettre en place un service multilingue pour répondre à ces demandes 24 h/24, cela nous coûterait une fortune !” Les évolutions sont donc à suivre…
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