Ambiance western-spaghetti jeudi 14 octobre, dans le sous-sol d’un hôtel design du sixième arrondissement à Paris, en fin de journée. La présentation annuelle des périphériques Big Ben touche bientôt à sa fin, les représentants de l’accessoiriste se déplacent lentement, les cernes se tirent, les pas sont lourds, le temps avance au ralenti. Néons bleutés ou soleil rouge d’Arizona, même combat, il y a du Sergio Leone dans cette ambiance crépusculaire, où au ralenti, 01net descend les marches, s’avance et d’un petit regard perçant défie les visages burinés. Le temps s’arrête, l’harmonica résonne dans les têtes.
Il y a un an, les mêmes gens, la même présentation. Les visages se crispent. Nous sommes reconnus. Face au nouveau vélo de Big Ben, la plus terrible épreuve de sa journée : 1 m 93 de barbaque barbue, 87 kg de maladresse, le Pierre Richard du jeu vidéo, un générateur aléatoire de panne, de casse et de codes d’erreur à volonté.
Il y a douze mois, cela n’y avait pas manqué : il avait suffi de quelques tours de roue – allez, trois, quatre – pour que le précédent Cyberbike perde littéralement une pédale, projetée quelques mètres plus loin. Sans faire exprès, même pas en danseuse.
La même mésaventure se reproduira à Noël 2009 sur LCI cette fois, en direct, et la réputation de vélo fragile du périphérique de Big Ben était faite. Et si l’accessoiriste semble satisfait des ventes réalisées – près de 30 000 en France – il sait bien que le Cyberbike a déçu ses utilisateurs. Trop léger, trop brinquebalant, trop plastique. Il lui fallait un remplaçant.
53 km/h au taquet
Ce jeudi, au fond des yeux des représentants de Big Ben, on distingue une flamèche qui résiste à la fatigue. Leur nouveau vélo a tenu toute la journée, il est plus résistant. Ils le savent. Cette épreuve de vérité, ils la redoutent autant qu’ils l’attendent. Tiendra-t-il encore ?
Le nouveau Cyberbike s’appelle Magnetic Edition et, assurément, il ne fait plus jouet. Sa carosserie est noire, mate, son cadre plus ample et plus élégant, et plus solide au toucher. Oh, sûrement pas aussi stable et robuste qu’un véritable vélo d’appartement, mais déjà mille fois moins cheap que la première version. Une fois le vélo enfourché, première agréable surprise : les pédales sont enfin dotées d’un effet de résistance, qui permet de ne pas avoir l’impression de pédaler dans le vide.
Accessoirement, en serrant le système au maximum, le CyberBike réussit même à demander un réel effort physique pour boucler une course de deux minutes. En revanche, le balançage des pédales se fait par à-coups, à moins de revenir à une résistance plus faible, qui offre moins de sensations mais plus de fluidité. Mais ce qu’on voulait, c’était des sensations !
Notre épique parcours de deux minutes en difficulté maximale a mis en valeur, tout d’abord, que vélo d’appartement ou vrai vélo, pédaler vite, ça fait transpirer et haleter. Ne dites pas que vous n’avez pas été prévenus. D’autre part, nouveau vélo ne signifie pas nouveau jeu. Et les problèmes notés sur le jeu Cyberbike l’an dernier demeurent identiques : la vitesse (affichée) plafonne à 53 kmh/h, et doit correspondre, à la louche, à du 20 km/h. On y arrive trop facilement, ce qui limite l’intérêt. Mais l’éditeur plancherait, nous dit-on, à un nouveau jeu un peu plus réaliste. Pour l’instant, le seul du genre s’appelle Pro Cycling Manager et il ne tourne pas sur Wii, ni ne semble manifester le moindre intérêt pour un fonctionnement un peu sportif et convivial.
Des pédales qui résistent enfin
Dernier constat, et celui-ci a fait mal, on s’est même senti un « frustré » : les pédales n’ont pas cassé. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir poussé avec les jambes comme un goret. Seule victoire pour Pierre Richard : le petit embout de plastique qui recouvre les fixations au sol a accepté de partir en cacahuètes deux fois. Mais même pas drôle : il est plus décoratif qu’autre chose et l’incident ne nous a même pas empêché de finir la course.
Regardez-les, tous ces petits yeux burrinés rigolards. Big Ben tient sa première revanche : le nouveau Cyberbike a tenu et pas qu’un peu. Exit l’impression de jouet fragile et gadget, voilà un périphérique certes encore perfectible, mais qui au moins assure son office sans se briser au premier coup de pédale. Nul doute que de nombreux acheteurs de la première heure n’en seront que plus énervés et Big Ben aurait beau jeu de consentir à un geste commercial en leur faveur. Un autre jeu plus ambitieux s’impose également, histoire de rentabiliser ses 169 €. Quant à 01net, ce soir, nous rentrerons tête basse et chapeau vissé sur le crâne. Le vélo d’appartement a triomphé du cow-boy qui casse tout, et ça, c’est une humiliation qui mérite châtiment. Pas de Jolly Jumper pour nous, ce soir, on rentre en Vélib’.
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