Tout avait pourtant bien commencé. En février 1999, Jacques Mottard, le président fondateur de la SSII Decan, vend son groupe pour 900 millions de francs au texan Metamor Worldwide. Le nouvel actionnaire décide de faire du groupe lyonnais sa tête de pont en Europe et nomme Jacques Mottard responsable du développement sur le Vieux Continent.En mars, Metamor est absorbé par le fournisseur d’accès à Internet américain PSINet. Des divergences apparaissent rapidement entre le nouvel actionnaire et Jacques Mottard. D’abord larvé, le conflit éclate ouvertement fin juillet : un huissier débarque lors d’un conseil de direction du groupe et remet à Jacques Mottard un courrier le convoquant à un entretien préalable, première étape d’une procédure de licenciement pour faute grave. Considérant que la société est ” paralysée ” par les dissensions entre le PDG de Decan et le nouvel actionnaire, les avocats de PSInet engagent également une assignation en référé devant le tribunal de commerce de Lyon, en demandant la nomination d’un administrateur provisoire à la tête du groupe.Que reproche PSINet à Jacques Mottard ? Selon le géant américain de l’accès à Internet, ce dernier se serait ” désolidarisé de l’actionnaire majoritaire et aurait affiché des ambitions tout à fait personnelles pour Decan Groupe, dont il ne détenait pourtant plus de titres “. Ce reproche fait suite à une tentative abandonnée de LBO (rachat d’entreprise par ses salariés) montée par Jacques Mottard avec l’appui de Credit suisse First Boston. Par la suite, Jacques Mottard aurait ” tenté de réaliser en externe ce qu’il a échoué en interne (…) ce qui est d’autant plus facile que Decan Groupe est une société de services travaillant avec un nombre limité de clients “. Le patron de PSINet Consulting, Peter Demaris, évoque pour sa part des ” différences de philosophie en matière de technologie ” et la nécessité de ” changer le management de Decan “.
PSINet doit encore verser 25 MF à Jacques Mottard
Les avocats de Jacques Mottard considèrent que PSINet a de tout autres motivations que celles affichées officiellement. Lorsqu’il a vendu son groupe à Metamor, Jacques Mottard a empoché la coquette somme de 90 millions de francs. Mais les deux parties ont convenu d’étaler le paiement. La dernière échéance, représentant 25 millions de francs, doit être versée en février 2001. A condition toutefois que Jacques Mottard ne soit pas licencié auparavant pour faute grave… Si PSINet parvient à limoger Jacques Mottard avant cette date, le bénéfice sera donc double : le management européen sera changé et le groupe américain fera l’économie de plusieurs millions de dollars.Première étape d’une procédure judiciaire qui promet d’être longue, le tribunal de commerce de Lyon vient de donner raison à Jacques Mottard et a refusé de nommer un administrateur provisoire. Sa décision s’appuie sur ” l’excellence ” des résultats de Decan (520 millions de francs de chiffre d’affaires prévus cette année, contre 416 millions l’année dernière) prouvant que la société est bien gérée et qu’il n’existe pas de blocage. Jacques Mottard devrait toutefois quitter le groupe le 15 septembre, date de lassemblée générale des actionnaires de Decan, et qui reste détenu à 99 % par PSINet.
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