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L’app ReelShort, le TikTok des séries, fait mieux que TikTok et elle sort en France

Il s’inspire de Quibi, en poussant encore plus loin le concept d’épisodes de moins d’une minute, accessible sur mobile. En novembre, le nombre de téléchargements de l’application ReelShort a dépassé celui de TikTok aux États-Unis.

Les créateurs de Quibi avaient donc raison. Malgré l’échec éclair de l’application hollywoodienne en 2020, il existait bien un marché pour binge watcher des séries depuis son smartphone au format et à la durée des vidéos TikTok et des Reels Instagram. Reelshort l’a compris et pour éviter le même débouché de Quibi, l’application a poussé le bouchon encore plus loin.

Depuis août 2022 et son lancement, l’application ReelShort continue d’être téléchargée en nombre et dépassait récemment la barre symbolique des 10 millions, correspondant au score recueilli par Quibi avant son implosion. Reelshort a même dépassé TikTok sur l’App Store d’Apple aux États-Unis du point de vue des téléchargements au mois de novembre. La croissance est exponentielle : à moins d’un million de téléchargements en juin, elle passait à plus de 4 millions mensuels en novembre.

Nombre Telechargements Reelshort
L’évolution du nombre de téléchargements mensuels de l’application ReelShort, sur l’App Store américain © The Wall Street Journal / Data.ai

Fini les vidéos de moins de 10 minutes, place à un format d’une minute seulement. Fini aussi l’étendue large du catalogue, place à des séries très ciblées, pour un public précis mais de taille : les femmes américaines, de 18 à 45 ans.

La recette fonctionne, et les séries continuent de sortir à un rythme élevé, à raison d’un nouveau programme par semaine. Chacun suit la même logique : de 60 à 90 épisodes d’une minute. Tous visent les mêmes sujets : des histoires romantiques et fantaisistes. Un exemple ici avec l’une des vidéos les plus vues de ReelShort sur YouTube (6 millions de vues), dans laquelle sont présentés les épisodes 1 à 20.

L’application fait parler d’elle et a même gagné un article spécial dans les colonnes Wall Street Journal. Elle vient d’arriver en France, et poursuit son déploiement avec un modèle qui cherche clairement la rentabilité. D’apparence gratuit, il faut payer à partir du deuxième épisode de chaque série. Il s’agit d’achats uniques, à 3,99 dollars, qui peuvent être évités en visionnant des publicités.

Le modèle de Quibi, avec son abonnement mensuel de 4,99 dollars, n’est pas reconduit. Mais le projet rapporte : d’un coût de 300 000 dollars par série, ReelShort a généré plus de 22 millions de dollars de revenus. Un moyen de rassurer les investisseurs tant la société qui détient 49 % du studio Crazy Maple Studio de ReelShort est cotée en Bourse. Elle s’appelle COL et son cours s’envolait de 118 % fin novembre, lorsque le nom de ReelShort se plaçait en tête de gondole sur l’App Store et dévoilait ses derniers chiffres.

TikTok, en pleine prise de conscience

L’application TikTok, à l’origine du format, a compris qu’il fallait aller explorer les séries. À la fin du mois d’octobre, l’application du Chinois ByteDance recrutait une pointure d’Hollywood, Adam McKay, et sa société de production Yellow Dot Studios.

Le cinéaste s’est fait particulièrement remarquer avec ses derniers programmes The Big Short, Vice et Don’t Look Up. Une première production originale est sortie le 14 novembre. Baptisée Noble Energy, elle reprend la recette du sitcom The Office.

Les utilisateurs de TikTok sont déjà prêts. Parmi les vidéos les plus visionnées sur la plateforme, des extraits émiettés de documentaires, films et séries, repartagées par les utilisateurs. Une pratique illégale, tant TikTok ne possède pas les droits d’auteur, mais qui continue de pousser ses utilisateurs à revenir consulter l’application tous les jours. Et ByteDance ferme les yeux.

« Quand on va voir les conditions générales de TikTok, on nous dit qu’ils sont respectueux de la propriété intellectuelle des œuvres qu’ils diffusent, néanmoins, n’importe qui peut diffuser des contenus sur la plateforme, et TikTok ne fait pas de contrôle en amont des contenus qu’on diffuse », expliquait Maître Kevin Sagnier, avocat au barreau de Paris exerçant en droit de la propriété intellectuelle, à BFMTV.

Le Digital Services Act (DSA), le règlement européen sur les services numériques, pourrait être une pression suffisante pour que TikTok se mette à renforcer son contrôle. Mais d’un point de vue économique, il sera important pour la plateforme qu’elle puisse offrir une alternative à ses utilisateurs, avec des productions originales. Est-ce que ReelShort aura suffisamment fait son trou d’ici là ?

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Source : The Wall Street Journal