Mohammed ben Salmane a-t-il piraté le smartphone de Jeff Bezos ? L’appareil du patron d’Amazon aurait été hacké en 2018 après avoir reçu un message WhatsApp depuis le compte personnel du prince héritier saoudien. Ce message chiffré aurait inclus un fichier vidéo malveillant qui aurait servi à télécharger des données depuis le téléphone de Jeff Bezos.
D’après le Guardian, qui révèle le scandale, l’homme d’affaires américain aurait été visé ici en sa qualité de propriétaire du quotidien américain The Washington Post. Ce piratage a eu lieu le 1er mai 2018, soit cinq mois avant le meurtre du journaliste de cette publication Jamal Khashoggi en octobre 2018. En décembre 2019, huit personnes ont été condamnées par une cour saoudienne pour ce meurtre, après un procès tenu secret et largement critiqué pour son non-respect des droits de l’homme.
Une histoire de mœurs comme point de départ
Le téléphone de Jeff Bezos a commencé à être examiné après la publication par le tabloïd pro-Trump The National Enquirer de détails intimes concernant la vie privée du milliardaire, dont des photos dénudées. Ces dernières avaient été envoyées à Michael Sanchez, le frère de la partenaire de Jeff Bezos, qui les a ensuite revendues au National Inquirer.
C’était la théorie exposée dès le mois de mars 2019 par Gavin de Becker, chef de la sécurité de Jeff Bezos. Il faisait également état à ce moment-là des « relations étroites » entre Mohammed ben Salmane et David Pecker, le directeur général d’AMI, la société qui possédait alors le tabloïd.
L’Arabie saoudite dément et réclame une enquête
L’analyse du smartphone de Jeff Bezos a été réalisée par Agnès Callamard, rapporteur spécial de l’ONU qui enquête sur les exécutions extrajudiciaires, dont celle de Jamal Khashoggi. Ces preuves seraient suffisamment crédibles pour les enquêteurs envisagent une approche formelle de l’Arabie saoudite pour lui demander des explications.
Jamal Khashoggi était un journaliste très critique du pays dirigé par Mohammed ben Salmane. Il avait notamment dénoncé la campagne de répression faite à l’encontre des militants et des intellectuels critiquant le prince héritier.
Si les avocats de Jeff Bezos n’ont pas réagi à ces révélations, l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington a démenti mardi l’implication du royaume dans le piratage de son téléphone. « Les récents articles qui suggèrent que le Royaume est derrière le piratage du téléphone de M. Jeff Bezos sont absurdes, a déclaré l’ambassade sur son compte Twitter. Nous demandons une enquête sur ces allégations afin que toute la lumière soit faite sur ces faits ».
Sources : The Guardian, AFP
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