Il y a à peine un an, le Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication (Sipperec) constatait que “l’offre de services et de réseaux à hauts débits attendue par les collectivités territoriales n’était pas fournie à un prix abordable et ne répondait pas aux exigences techniques et de qualité requises “.
Sans le Sipperec point de salut !
Dans le rôle de l’accusé : France Télécom, que le Sipperec jugeait incapable de fournir du haut débit aux quatre-vingts villes de la petite couronne parisienne.Après avoir lancé une procédure de délégation de service public, le Syndicat a retenu LD Câble pour la cons- truction et l’exploitation d’une infrastructure métropolitaine de fibre noire. L’opération est astucieuse : la totalité des risques financiers sera endossée par la filiale de Louis Dreyfus Communications. De plus, LD Câble n’est pas propriétaire de l’infrastructure de 276 km, octroyée sous la forme d’une concession de dix-huit ans. On peut s’interroger sur ce type de marché. D’autres opérateurs ne peuvent-ils pas, sans le Sipperec, déployer un tel réseau ? Le Syndicat explique, par la voix de son directeur, ÉtienneAndreux, que “cela va plus vite et coûte moins cher, et que tout le monde y trouve son intérêt “. Une estimation confirmée par Serge Schoen, directeur général de LD Câble : “Ce régime de concession permet de diviser par trois le temps de déploiement et par beaucoup plus les coûts.”Avec cette infrastructure, les communes espèrent voir affluer les entreprises. On peut faire nombre de reproches à France Télécom, obligé de se défendre bec et ongles depuis le 1er janvier 1998, mais de là à l’accuser de ne pas fournir de hauts débits dans la plus forte concentration de population de l’Hexagone !“Ce constat est presque comique, explique Michel Davancens, responsable de l’opérateur public pour l’Île-de-France. On pourrait nous épingler avec un constat de carence dans le Larzac, mais pas en Île-de-France !”, ajoutant que la région parisienne est, ni plus ni moins, “la zone du monde la plus équipée en hauts débits”, avec, tou-jours selon France Télécom, quelque 18 000 km de réseaux (540 000 km de fibres optiques) dans la région.
France Télécom reste serein
Et, à voir la carte de l’opérateur historique, imbroglio de traits multicolores représentant ses réseaux, on peut se demander quelle carence a pu constater le Sipperec. “Si nous attaquions ce constat, nous gagnerions à coup sûr”, tranche Michel Davancens, mais l’opérateur n’ira pas en justice, tant il est serein.“Nous luttons sur des sujets plus importants et préférons nous concentrer sur la construction d’un réseau supplémentaire en IP natif “, ajoute-t-il. Et France Télécom de souhaiter bien du plaisir à LD Câble dans une aventure qu’il juge risquée. Quant au pronostic lancé avec assurance par Jacques Poulet, président du Sipperec, “France Télécom louera notre réseau, j’en suis persuadé”… Michel Davancens préfère l’ignorer.
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