La ma”trise méthodes informatiques appliquées à la gestion s’est forgé une identité dès 1972 dans la région Rhône-Alpes – d’abord en cours du soir, puis en formation initiale et continue. Aujourd’hui, 10 % des miagistes de France ont décroché leur titre à Lyon. Or, dans ce deuxième pôle informatique du pays, la conjoncture de l’emploi est tout aussi tendue qu’en Ile-de-France. Et, dans ce contexte, lorsque les entreprises rhônalpines – en particulier les SSII – tissent des liens avec la filière professionnalisée de l’université de Lyon-I-Claude-Bernard, elles comptent surtout puiser dans un vivier d’étudiants pour la plupart originaires de la région et attachés à y construire leur vie professionnelle. Le diplôme intéresse les entreprises régionales au même titre que ceux délivrés par les écoles d’ingénieurs voisines, comme l’Insa, l’Ensimag, voire l’Ecole centrale de Lyon. Le label IUP (Institut universitaire professionnalisé) est juste venu, en 1991, s’accoler à celui de la Miag (ma”trise d’informatique appliquée à la gestion)(*), sans en modifier la notoriété.
Mais la principale contribution de ces entreprises à la formation des soixante-dix à quatre-vingts titulaires du titre d’ingénieur ma”tre formés chaque année est une offre pléthorique de stages. En moyenne, deux à trois propositions par élève. “Je me faisais du souci en début d’année. J’ai assisté à toutes les présentations d’entreprise, rapporte Mathieu Truchet, étudiant en fin de cursus. J’ai vite été rassuré, car j’ai pu choisir le stage qui correspondait le mieux à mes attentes. Comme je souhaite poursuivre sur un DESS, j’ai donc écarté les stages de préembauche.”
Les SSII peu attentives au contenu des stages
Les offres de stage se répartissent schématiquement en deux catégories : celles des entreprises utilisatrices, qui définissent clairement le projet confié au stagiaire et l’utilisent pour résoudre un besoin ponctuel, et celles des SSII. Ces dernières proposent plus de stages, mais sont moins attentives au contenu. En fait, elles sont surtout très claires sur leur intention d’utiliser cette période de six mois comme tremplin vers un recrutement. “Je repère même les éléments qui m’intéressent durant le stage d’initiation de deux mois qu’ils réalisent en première année “, avoue Jean-Marc Dubié, directeur technique d’Amitel, SSII spécialisée dans l’archivage. Une phrase qu’aurait pu prononcer Xavier Delouis, de la SSII Callix, chargé par Hewlett-Packard de sélectionner des candidats pour le site de Grenoble du constructeur.
Par contre, la participation directe au cursus des étudiants et à l’élaboration des programmes se heurte à la nature même de l’organisation de la Miage. Les contenus professionnels sont revus tous les quatre ans par une commission d’habilitation nationale. “J’invite, à cette occasion, une vingtaine d’entreprises à revoir ma copie “, précise Denis Vandorpe, le directeur de l’IUP Miag. Quant au détachement sur place de professionnels, il achoppe non seulement sur le manque de disponibilité, mais aussi sur les aspects financiers. “Difficile de convaincre des spécialistes avec une vacation à 300 francs bruts !” reconna”t Yves Pagnotte, professeur d’université et responsable des relations avec les entreprises pour l’IUP. “Nous avons été sollicités pour des exposés techniques dans le cadre de DESS, mais jamais pour la Miag “, remarque de son côté Michel Riffard, de la SSII lyonnaise Focal. Ce manque vaut aussi pour les aspects non techniques. “Les professeurs sont de qualité et très disponibles dans les matières techniques, et le programme de physique appliquée à l’informatique est de très haut niveau, insiste Marie-Claude David, miagiste en congé formation, détachée de l’EDF. Mais très peu de cours sont liés à la réalité de l’entreprise. C’est dommage, car c’est l’occasion de recevoir de vrais conseils pratiques.”
Quant à l’équipement en matériels et logiciels, le budget limité du ministère de tutelle ne suffit pas à les financer, et l’IUP ne bénéficie que des classiques ristournes consenties aux établissements scolaires. Il compte aussi sur les reversements sporadiques de la taxe d’apprentissage. Mais l’apport le plus important provient des organismes de financement de la formation continue et des subventions du conseil régional
(*) La Miag de Lyon s’est séparée du ” e ” d’entreprise.
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