Drôle d’époque. Ce ne sont plus des mastodontes éclatants de santé qui s’affrontent, mais quasiment des infirmes, amputés ici et là d’activités hier florissantes, et dépérissant à vu d’?”il.Prenez Lucent. Gravement malade et enfoncé dans les pertes, il vient de regagner la première place du marché de l’optique et de détrôner le canadien Nortel, celui-là même qui lui avait ravi la position l’an dernier. Alcatel, quant lui, reste à la troisième place.Ce chassé-croisé s’est accompagné d’une chute du cours de l’action Nortel (au plus bas après une perte de 19,2 milliards de dollars en deuxième trimestre) et d’une légère remontée de celui de Lucent, pourtant guère en meilleure forme. Le marché, lui, compte tranquillement les points : du véritable sadisme.Sur le ring, le poids moyen JDS Uniphase se contente de lutter contre la mort elle-même, toujours sous le regard impavide des analystes. Ce fabricant de composants optiques avait, l’an passé, crevé le plafond, en déboulant parmi les dix premiers constructeurs mondiaux des télécoms, avec une progression annuelle de 450 % !Pour l’année fiscale 2000-2001, il annonce une perte abyssale de près de 51 milliards de dollars ! Un record, selon les experts. Au total, il va licencier 16 000 personnes, sur les 29 000 que comptait la société au temps de son éphémère splendeur.Même les plus petites ne sont pas épargnées. Highwave Optical, start-up française (l’exemple même de la réussite il y a encore un an et portée aux nues par les observateurs) est aussi contaminée : elle se sépare aujourd’hui de près de la moitié de ses effectifs.Là encore, le marché suppute sur ses chances de survie. Et pourtant, si on est sûr d’une chose, c’est bien que l’optique est, avec le sans-fil, une technologie d’avenir. Dans ces conditions, les autres équipementiers télécoms (les spécialistes du routage, de la commutation, des systèmes déquilibrage de charge, etc.) ont du souci à se faire.
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