A en juger par le virage sur l’aile opéré par une profession longtemps insensible aux charmes des outils d’information communicants, la fée informatique a remporté une belle victoire sur l’un de ses derniers îlots de résistance. Au-delà du cadre législatif strict adopté en 1996, trois raisons ont en effet motivé, ces derniers mois, l’appropriation massive, par le corps médical, de moyens modernes de gestion et d’échange de données professionnelles et interpersonnelles.
D’abord, le succès inattendu du programme Sesam/Vitale, puissant vecteur d’informatisation des prestataires de santé, et aujourd’hui utilisé par plus d’un médecin généraliste sur deux. Ensuite, la découverte des échanges électroniques et des forums de discussion spécialisés est aussi associée aux potentialités du B to B médical. Enfin et surtout, le modèle sur lequel repose la relation client en matière d’offre de santé va rapidement connaître – comme c’est déjà le cas outre-Atlantique – un irrésistible bouleversement. Au colloque singulier entre le patient et son médecin se substituera bientôt une nouvelle intermédiation, dans laquelle les cyberconseillers sollicités par l’internaute en amont d’une consultation orienteront fortement le choix du praticien. Par ailleurs, les dispositifs réglementaires imminents concernant la reconnaissance de la signature électronique auront, en matière d’émergence d’e-pharmacies, des conséquences spectaculaires.
Une autre mutation structurelle majeure, pointant en filigrane dans toutes les projections socio-démographiques, accompagnera, de surcroît, le caractère irréversible de cette révolution. Sauf à prévoir un doublement des capacités d’hébergement hospitalier dans les vingt ans. C’est en effet autour des prestations de santé à domicile que les réflexions devront s’orienter. L’une des clés de cette évolution relève clairement de la coordination des différents intervenants et nécessite un traitement coopératif des données transcendant les individualismes. La récente réforme de l’administration centrale de la santé s’inscrit dans cette dynamique, qui vise à accompagner le décloisonnement des mondes de la ville et de l’hôpital grâce aux progrès des NTIC. Appels à projets et expérimentations se succèdent à un rythme soutenu.
Les attentes des professionnels sont donc nombreuses, mais elles se sont jusqu’à présent heurtées aux limites d’une offre mal structurée. Signe révélateur que le marché arrive à maturité, l’atomisation de l’offre cède depuis peu la place à de spectaculaires regroupements industriels, dont les moyens sont désormais plus en adéquation avec l’ampleur des besoins.
Un petit caporal corse rappelait jadis que ” dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font, et ceux qui en profitent “. Dans celle de l’e-santé, les acteurs seront plus que probablement les bénéficiaires. Et entamée à marche forcée par l’abandon des démarches individuelles au bénéfice d’un schéma collectif mêlant l’ensemble des intervenants, elle sera plus que jamais articulée autour des nouvelles technologies de l’information. Ceux qui, prestataires de santé, industriels ou financiers, souhaiteraient avoir des précisions pour s’en convaincre pourront utilement consulter une récente étude (*) publiée sur le sujet.(*) Etat de l’art et prospectives en matière d’offre de santé :
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