Passer au contenu

Le retour en grâce du jet d’encre

Kodak qui casse les prix, HP qui concurrence le laser… L’impression jet d’encre fait son retour auprès des entreprises, grâce à quelques arguments chocs.

Petite devinette : quel liquide de consommation courante coûte plus de 2 000 euros le litre ? Du sirop de caviar relevé au coulis de truffes ? Non, le banal jus de nos cartouches d’imprimantes à jet
d’encre. Depuis des années, les fabricants bradent leurs imprimantes pour se rattraper sur les consommables. D’aucuns les accusent même de former un cartel.Or un petit nouveau ?” et pas des moindres, s’agissant de Kodak ?” vient mettre un coup de pied dans la fourmilière. Le géant de la photographie signe son entrée sur le marché de l’impression avec des
prix divisés par deux. Peu ou prou, ses premières imprimantes multifonctions sont vendues au prix du marché. Mais leurs cartouches sont facturées entre 10 et 15 euros, quand celles des concurrents naviguent entre 60 et 70 euros.
Résultat : le coût de la page en noir descend à 3 centimes et celui de la photo, à 15 centimes… Soit le prix de gros pratiqué par les prestataires en ligne. Kodak insiste pourtant sur la qualité de son encre : ce
n’est pas un simple jus bas de gamme. Il certifie une durée de vie de cent ans pour ses impressions, contre quinze ans en général pour la concurrence (Epson et HP certifient des épreuves pour cent cinquante ou deux cents ans, mais sur des
modèles destinés aux photographes, dont l’encre coûte beaucoup plus cher).

Difficile de comparer

Kodak casse les prix de l’encre car sa technologie l’y autorise. N’incluant pas de puces espionnes qui empêchent l’usage d’encres concurrentes ou comptent le nombre d’impressions, ses cartouches
sont moins chères à produire. Ainsi, chez Epson, des puces bloquent l’impression en deçà d’un niveau d’encre déterminé. Et des modèles de HP cessent d’imprimer au bout d’un certain nombre de copies. Kodak épargne
aussi en retirant la tête d’impression de la cartouche, pour s’en remettre à celle intégrée à l’imprimante. La conception de l’ensemble s’avère bien plus simple.Les 50 % d’économie promis par Kodak restent toutefois délicats à comparer. Les multifonctions Kodak utilisent deux blocs de cartouches : l’un d’encre noire, l’autre contenant cinq couleurs pour la
photo. Les concurrents, eux, préfèrent en général des cartouches couleurs séparées, vendues au détail, car la consommation diffère souvent selon les encres.Précisons que Kodak se refuse à communiquer sur la contenance de ses cartouches. Difficile, là encore, d’établir une comparaison. A la décharge du constructeur, le volume d’une cartouche ne fournit qu’un faible
indicateur du nombre de pages imprimables. En effet, selon la chimie du liquide, le papier boit plus ou moins d’encre. S’ajoute à cela une optimisation de l’ensemble tête-cartouche, qui laisse s’échapper plus ou moins
d’encre. Dans tous les cas, il faudra attendre l’arrivée officielle des multifonctions Kodak, en mars, pour se faire une idée précise de leur qualité d’impression et du prix à la page.Kodak n’est pas le seul à vouloir redorer le blason de la technologie jet d’encre. HP va même plus loin, en cherchant à concurrencer directement le laser, tant en termes de qualité d’impression que de coût à la
page. La troisième génération de ses Officedesk Pro sera commercialisée en début mars (la première date de 2005). Les nouveaux modèles affichent des vitesses d’impression supérieures à celles des lasers d’entrée de gamme, pour un coût
à la page de 25 % inférieur. Par quelle magie ? HP a opté pour des cartouches de grande capacité, offrant la même autonomie qu’un toner. Par ailleurs ?” et c’est une première ?”, une nouvelle encre
pigmentée donne des noirs aussi profonds qu’en technologie laser. Ces imprimantes réseaux disposent même d’un module recto verso qui réduit encore les coûts en papier.

Dénoncer les prix de l’impression

On peut se réjouir que les fournisseurs dénoncent ouvertement le prix de l’impression. Mais ne nous y trompons pas. Si Kodak casse le prix des cartouches, c’est d’abord pour se faire rapidement une place sur le
marché très concurrentiel de l’impression. Quant à HP, le leader du laser, il ne scie pas la branche sur laquelle il est assis avec sa nouvelle gamme jet d’encre. Bien au contraire.Rappelons que toutes les lasers HP utilisent un moteur Canon. De ce fait, plus HP vend d’imprimantes laser, plus il enrichit Canon. Sa technologie jet d’encre est, en revanche, un développement maison. Il a donc tout
intérêt à cannibaliser ses lasers avec sa propre technologie pour bénéficier de marges supérieures. Personne ne le lui reprochera… tant que cela profite aux utilisateurs.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Anicet Mbida