C’était une information d’ailleurs top secret, un scoop du New York Times : Facebook lancerait prochainement une appli mobile pour tchatter à deux ou en public mais de façon anonyme, c’est-à-dire en utilisant un pseudo… Et alors, pourquoi parle-t-on de petite révolution ?
Tous ceux qui ont plus de dix ans (et ça fait un paquet d’internautes !), vous diront que nous avons la mémoire courte. Avant le 4 février 2004, nous ne faisions pratiquement que ça : discuter sur la toile incognito avec d’autres inconnus, cachés derrière des pseudonymes. C’était, tout simplement, Internet avant Facebook.
Nous sommes même nombreux à en avoir gardé des stigmates avec nos pseudos sur Twitter. Le mien, par exemple, ne cache plus rien du tout, puisque tout le monde peut voir aujourd’hui que Delf1 s’appelle Delphine Sabattier et travaille à 01net.com, sis à Paris. Ne reste plus qu’un petit mystère finalement pour ceux qui me voient aujourd’hui (en vidéo ci-dessous) : à quand remonte la photo de son profil Twitter ? Alors, on s’en fiche pas mal, mais si ça vous amuse, les paris sont ouverts ! Parce que sur internet, maintenant, on se dit tout. Plus de tabous, plus de secrets. Grâce au jeune millionnaire Mark Zuckerberg, on vit un coming-out mondial !
Balancer le pire, sans le dire
Avec Facebook on a un rapport à la vie privée particulièrement décomplexé. Alors, comment expliquer justement le retour de ces applis de discussions anonymes ? Un ras-le-bol ? Une rébellion ? Un trop plein ! On en a marre de garder nos secrets pour nous. Ça commence à s’accumuler. Et avec cette habitude qu’on a pris de tout raconter à plein de gens, on ne voit pas pourquoi on ne pourrait pas aussi partager nos idées tordues, nos faiblesses ou nos pensées sincères (même débiles), voire toutes ces idées dont on n’est pas toujours très fiers. Mais attention, tout cela sans entacher notre réputation qu’on a mis des années à bâtir. Alors comment ? Tout simplement, en redevenant anonyme !
Le matin je me connecte fièrement avec mon vrai nom sur Facebook, je brosse mon égo dans le sens du poil, et je ressors discrètement par la petite porte de derrière pour me rendre sur Whisper et poster incognito le secret qui me torture. Tu me promets, Whisper, que tu vas le dire à tout le monde mais que tu ne diras pas que c’est moi qui t’ai dit ? Sinon, j’te parle plus et je vais sur Secret. Et surtout, tu ne m’balances pas sur Facebook ! Voyez le topo ? Un truc à devenir totalement schizophrène. Et à rendre dingue le plus grand des cabinets psychiatriques au monde, j’ai nommé Facebook, qui n’acceptera pas longtemps qu’on déverse ailleurs tout ce qu’on a refoulé chez lui. Sa fortune s’en retrouverait fort contrariée…
Certains me diront que vouloir être anonyme, ce n’est pas forcément parce qu’on a quelque chose à cacher. Il y a aussi ceux qui ne veulent pas être surveillés en permanence… Effectivement, un certain instinct de protection s’est déclenché chez les internautes après les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance des communications par la NSA. Même Google, qui n’a pas grand-chose à envier sur la récupération des données personnelles, vient de déclarer qu’il trouvait cet espionnage gouvernemental dangereux.
Mais franchement, lorsque vous vous rendez sur les applis mobiles anonymes, ce que vous y trouvez n’a rien de confidentiel. On y parle principalement d’amour ou de sexe. Et c’est souvent triste, voire pathétique. Comme ce message : « Je suis amoureux de toi, ma colloc. Et je pense que tu m’aimes aussi. C’est dommage qu’on n’est pas le courage de se le dire ». Posté il y a 15 minutes sur Whisper, quelque part dans le monde. L’appli affiche durement « No replies »…
Alors, on peut se moquer, critiquer, parler de défouloir stérile, de bouteilles à la mer, ou de zones cradingue… Vous remarquerez aussi que c’est un repaire de spammeurs. Pourtant, les chiffres sont formels : nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser ces services. Mais chut, c’est notre secret !
Voir cette chronique en vidéo (ci-dessous)
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
