Il n’y a pas que le cinéma qui ait droit à son festival. Le Web aussi à ses nominés, son grand jury et sa remise de prix. Ce festival du Web, ce sont les Webby Awards, dont les nominés ont été annoncés il y a quelques jours. Les gagnants seront, eux, révélés au début du mois de juillet à San Francisco. Alors, évidemment, je sens d’ici les sourires et les phrases assassines du type“on remet bien des prix aux animateurs de télé, alors pourquoi pas aux sites Web “.Certes. Mais l’intérêt des Webbys ne repose pas sur sa grande soirée de remise des prix. Non. Il tient dans sa liste de nominés qui ressemble chaque année à une énorme boule de cristal des concepts qui vont débarquer dans les prochains mois. Je me rappelle qu’en 1998, j’ai découvert, grâce aux Webbys, un site consacré au jardinage dont le business model reposait sur la vente en ligne de graines, de pelles, de liquides miracles. Un an plus tard, de pâles copies germaient en France… A n’en pas douter, les Webbys sont instructifs.Fin avril, l’excitation était à son comble, la liste était révélée. Première déception, la catégorie Commerce est assez banale. On y retrouve des sites déjà connus : MySimon, le comparateur de prix, Half, le vendeur d’objets d’occasion, et Travelocity pour le tourisme. Des concepts importés en France depuis longtemps.
Le seul à se distinguer c’est Cafepress.com, un service permettant à tout internaute de vendre en ligne des tee-shirts, tasses et autres gadgets personnalisés avec sa photo, ses dessins, etc.Côté Communautés, la sélection n’est pas plus excitante : entre BeliefNet, le portail des gens qui croient en quelque chose (la lévitation des spaghettis ou la réincarnation de Jésus en Gandhi), et Chickclick, le centre de rencontres des jeunes filles prépubères, rien qui tienne vraiment la route.Passons rapidement sur la catégorie Mode et le site Kirnazabet qui reprend un modèle qui a fait ses preuves : présenter des fringues branchées en utilisant du Flash qui fonctionne à moitié… Boo !De catégorie en catégorie, la déception ne fait qu’augmenter. Ah, tiens ! Un petit français, Comfm, est nominé dans la catégorie Radio. Tout les autres fleurent bon le déjà vu ou la catastrophe économique. Les sites retenus cette année par les Webbys manquent cruellement d’originalité, voire d’imagination. Et dire que je pensais m’extasier devant des modèles économiques extraordinaires… Rien. Les seuls sites intéressants concernent l’humanitaire ou les grandes causes. Comme Volunteermatch, qui permet aux internautes désireux de donner de leur temps de trouver près de chez eux des associations à la recherche d’aide.Alors, manque d’argent pour financer des idées ou manque d’idées tout court ? Certains des sites nominés en 1998 n’avaient pas levé un centime mais croyaient à leur idée, tels des Peter Pan modernes. Peut-être que le krack d’avril 2000 a tué leur créativité plus qu’il n’a vidé leurs comptes en banque. Ils sont innombrables ceux qui avaient juste une idée derrière la tête et qui se sont lancés en 1999. Beaucoup plus nombreux que ceux qui ont cherché une idée pour lever des fonds. Et, c’est juste une impression, je crois que les premiers ont mieux réussi que les seconds… Quattendent donc tous les brillants créateurs pour y aller ?On se consolera en espérant que la cuvée 2002 des Webbys sera meilleure. Ou en se délectant devant le seul site intéressant, à voir dans la catégorie ” bizarre “, le retour de Peter Pan…Prochaine chronique le vendredi 25 mai
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