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Le règlement du procès Microsoft vacille sous les critiques

Vices de forme, mécontentement des Etats plaignants, critiques acerbes des concurrents. L’accord amiable conclu vendredi entre la justice américaine et Microsoft risque de ne pas aboutir.

Des avocats travaillant sur les questions antitrust ont décelé des vices de forme graves dans l’accord à l’amiable intervenu vendredi entre Microsoft et le département de la Justice (DoJ). Selon l’édition en ligne du Wall Street Journal, ces vices de forme pourraient compromettre la signature de l’accord actuel.Les dix-huit Etats plaignants, à qui la juge Colleen Kollar-Kotelly avait laissé jusqu’à demain, mardi, pour se prononcer sur le texte, se sont entendus dimanche soir pour demander des modifications sur une douzaine de points du projet d’accord.

L’accord ne ferait pas l’unanimité au sein du DoJ

Après l’étude des vingt-deux pages de l’accord, ce week-end, des responsables de plusieurs Etats ont considéré qu’il contenait tant d’exceptions que certaines dispositions pourraient s’avérer inapplicables ou contournables, ajoute le WSJ.Certains se disent par ailleurs troublés que les membres non marqués politiquement de la direction du département de la Justice n’aient pas signé l’accord, signe apparent de leur opposition.La plupart des dix-huit Etats semblent décidés à en finir avec une procédure entamée il y a deux ans et donc à signer l’accord, si toutefois ce dernier était durci. Peu d’entre eux souhaitent poursuivre la procédure sans le gouvernement fédéral, en particulier dans un contexte de guerre et de début de récession.

Des accords plus théoriques que pratiques

Pour beaucoup d’observateurs, et notamment les analystes industriels et financiers, ces accords ont de bonnes chances d’être sans effets.En pratique, même si le compromis de vendredi donne aux fabricants d’ordinateurs plus de liberté dans le choix des logiciels qu’ils installeront sur leurs machines, il est très vraisemblable que ces derniers resteront fidèles aux produits Microsoft ou, tout au plus, qu’ils proposeront des alternatives en plus de ces produits, estiment des analystes.Pour Matt Rosoff, analyste d’un cabinet spécialisé sur Microsoft, le client ne verra pas la différence. ” Les changements sur XP seront minimes, affirme-t-il. Il y aura peut-être un peu plus de diversité sur le bureau de Windows […] Mais vous ne verrez pas un fort degré de personnalisation [par les fabricants d’ordinateurs], parce que cela coûte cher.”” Pas question de faire des listes du genre “je veux ça, mais pas ça” dans les magasins, il n’y aura pas des centaines de versions différentes de Windows en vente “, prévient-il.Ces questions étaient au coeur de la plainte initiale contre le géant informatique, accusé de vouloir éliminer son concurrent Netscape en imposant son propre navigateur Internet d’abord, puis en contraignant les constructeurs d’ordinateurs à ne pas installer du tout Netscape sur les bureaux de leurs machines.L’accord de vendredi permet clairement à Microsoft de continuer à ” attacher ” de nouvelles fonctionnalités à Windows, mais il l’empêche de forcer les fabricants à les utiliser ” exclusivement “.

Le DoJ s’en remet à la bonne volonté des fabricants

” On pourrait voir Dell ajouter les services de connexion d’AOL ainsi qu’un navigateur Netscape et retirer les fonctions d’Internet Explorer sur chaque PC qu’il fabrique, estime George Godfrey, analyste chez ABN Amro, dans une note de recherche. Même si cela semble peu probable, c’est en théorie possible “, ajoute-t-il.La majorité des fabricants, regroupés sous l’acronyme OEM (Original Equipment Manufacturers), devraient continuer à utiliser les produits Microsoft, estiment les analystes. ” Si vous êtes un OEM, il vous est vraiment difficile de supprimer des fonctionnalités, parce que vous les avez déjà payées et, en plus, certains utilisateurs vont vouloir celles offertes par Microsoft “, explique Dwight Davis, analyste de Summit Strategies.” Je pense que l’on va surtout voir les OEM offrir des options à leurs clients, certains pourraient conclure un accord d’exclusivité avec AOL sur sa messagerie instantanée, par exemple “, ajoute-t-il.

AOL, RealNetworks et Sun furieux

Le plus grave pour les concurrents de Microsoft est que, semble-t-il, rien dans les accords n’empêche le géant de Redmond de poursuivre sa politique d’intégration autour de Windows XP. En un mot, Microsoft a toute latitude pour faire en sorte que l’intégration de ses logiciels à Windows XP soit plus aisée que celle des produits concurrents.” Un accord à l’amiable sur le dossier Microsoft jette une ombre sur les autres entreprises du secteur, estime Thomas Berquist, analyste chez Goldman Sachs. Cela signifie que tous ses concurrents devront se battre encore plus dur pour lutter contre un Microsoft unifié. “” C’est une récompense, pas une solution “, a déclaré Kelly Jo MacArthur, vice-président de RealNetworks. ” Il n’y a rien [dans cet accord] sur le problème de l’intégration d’emblée à Windows d’applications également développées par les concurrents de Microsoft “, selon une source proche d’AOL Time Warner.Les avocats de Sun sont décidés à engager une nouvelle plainte contre Microsoft. ” Je ne peux pas vous dire ce que nous allons faire, mais je peux vous assurer que nous passons désormais à la phase de décision sur ce qu’il faut faire “, a déclaré à Reuters le principal avocat de la société, Mike Morris.” 
Ce n’est pas seulement un accord faible, c’est totalement sans effet. Il y a trop de flous, de définitions vagues ” dans l’accord, a-t-il souligné.

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David Prud'homme (avec Reuters)