C‘est l’explosion. Il se crée aujourd’hui près d’un site de recrutement en ligne par jour, contre un par mois il y a quelques semaines ! “, s’exclame Thibaut Gemignani, directeur du site cadremploi. com. Cette tendance est, encore une fois, partie des États-Unis. Selon le quotidien La Tribune, 37 % des entreprises américaines ont eu recours au recrutement en ligne en 1999 et il y en aura 96 % en 2001. Une telle déferlante donne le ton de l’engouement pour cette pratique, encore considérée il y a quelques mois comme peu efficace : “Il est vrai qu’il s’agissait d’un média un peu différent. Cela ne faisait pas très sérieux aux yeux des entreprises. Aujourd’hui, l’effet de mode est passé, et l’outil est devenu crédible “, constate Sabrina Nanni, chargée de la communication chez emailjobs. com.
Un nouveau mode de rencontre entre recruteurs et recrutés
Cette crédibilité, les grands sites de recrutement en ligne l’ont acquise grâce à des politiques de contrôle très strict des annonces et à un respect de l’anonymat poussé à l’extrême. Ainsi, Cadres Online purge ses annonces toutes les quatre semaines afin d’éviter les abus. Cadremploi n’ouvre ses colonnes qu’aux sociétés pouvant justifier d’une publication préalable sur un support papier, tandis que le site monster. fr ne garde aucune trace nominative des sociétés qui ne font que consulter les CV des demandeurs d’emplois. Le site se contente de mettre les parties en relation lorsqu’elles sont réellement intéressées. Un rôle d’intermédiaire que tous revendiquent : “Nous ne sommes pas un cabinet de recrutement à proprement parler, explique Sabrina Nanni. Nous ne suivons pas les candidats, nous agissons en tant qu’intermédiaire entre les employeurs et les employés potentiels.” Emmanuel Marcovitch, directeur du programme Cadre Online, le confirme : “Nous ne sommes pas là pour filtrer les candidatures. Nous ne sommes là que pour faciliter les contacts.”
Loin de concurrencer les cabinets de recrutement traditionnels, le succès de ce type de sites repose, en grande partie, sur de nouvelles modalités de rencontre entre entreprises et candidats (lire encadré) : “Le mode relationnel institué par ce type de média est radicalement différent. Ainsi, il n’est pas rare de voir des recruteurs discuter par mail de manière informelle avec les candidats, avant de décider de les rencontrer “, commente Sabrina Nanni.
Aujourd’hui, la recherche d’emploi par l’intermédiaire du web vient en complément des canaux classiques. “On utilise la presse pour atteindre un objectif d’image, explique Sabrina Nanni, tandis qu’Internet vise à l’efficacité. Les retours sont meilleurs car mieux ciblés.” Cet avantage entraine toutefois des contraintes. Selon Emmanuel Marcovitch, “il est vrai que l’entreprise va pouvoir recruter plus vite, mais il faut qu’elle joue à fond le jeu d’Internet et qu’elle ait mis en place des structures pour traiter rapidement ces candidatures.”
L’époque est révolue où les seuls candidats recrutables sur Internet étaient des informaticiens. “On peut recruter à n’importe quel niveau, dans n’importe quel secteur, ou presque “, constate Thibaut Gemignani, en prenant pour exemple les 10 % d’offres répertoriées sur le site cadremploi. com qui concernent des postes dont la rémunération varie entre 500 000 et 1 million de francs. Le constat est le même chez emailjobs. com, où “on trouve de tout : relations humaines, marketing, etc. “.
Un coût minime pour l’entreprise, la gratuité pour les candidats
Pour une entreprise, le coût de passage d’une annonce est minime : environ 2 000 F ht. Les candidats, eux, s’inscrivent gratuitement et peuvent consulter les annonces sans limitation. Cette gratuité n’est certainement pas pour rien, elle aussi, dans le succès que rencontre la formule.Les possibilités offertes par Internet sont particulièrement bien adaptées au recrutement en ligne. De l’immédiateté de la diffusion des offres à l’effet de masse, tout concourt à faire de ce média l’outil idéal des recruteurs. Hélas, faute de moyens d’authentification fiables sur Internet, les contrôles doivent être accrus. Car l’idée de créer un site de petites annonces dans le seul but de récupérer des milliers de CV pour les revendre à des sociétés de marketing pourrait être tentante…
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