Le marché de l’emploi des cadres (tous secteurs confondus) va décidément très bien. Non seulement il franchit le cap historique des 200 000 recrutements en 2006 ?” ‘ du jamais vu ‘ selon Jacky Chatelain, directeur général de l’Apec ?”, mais il s’annonce tout aussi exceptionnel en 2007, avec des prévisions de l’ordre de 207 000 embauches au minimum. Ce chiffre est d’autant plus étonnant que seules 14 % des entreprises du panel prévoient d’accroître leur effectif cadre. Signe révélateur de la reprise de la mobilité chez les cadres (7 % de turnover) et de l’augmentation du taux de départs à la retraite (20 %).
Autre constat de cette huitième édition du panel Apec : ces embauches sont tirées par les postes de cadres commerciaux et informaticiens. En 2006, ces derniers ont représenté près de 18 % des recrutements, initiés pour la grande majorité par les sociétés de services informatiques. Cette tendance devrait se poursuivre en 2007 pour aboutir aux niveaux de l’année 2000, si l’on en croit les hypothèses les plus optimistes.
Avec un bémol néanmoins : ‘ Dans l’informatique, la fourchette des prévisions est toujours plus grande que dans les autres fonctions ‘, explique Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec. Effet de la prédominance des sociétés de services informatiques particulièrement sensibles aux aléas du marché.
Les SSII multiplient leurs plans d’embauche
Le bilan et les prévisions de l’Apec rejoignent les estimations de Syntec Informatique. Pour la troisième année consécutive, la croissance du secteur ?” de l’ordre de 7 % ?” s’est poursuivie en 2006. L’année 2007 s’annonce sous des auspices aussi favorables, grâce aux nombreux projets informatiques dans l’ensemble des secteurs, particulièrement ceux de l’Administration, mais aussi dans les télécoms et les transports, les finances et la grande distribution.
Les grandes sociétés de services affichent des plans de recrutement qui dépassent facilement le millier. A l’exemple d’Accenture, qui prévoit d’embaucher 1 200 collaborateurs d’ici à la fin du mois d’août, ou du groupe Sogeti, qui compte accueillir plus de 3 400 ingénieurs à l’échelle mondiale. Les SSII plus petites, présentes sur des niches, ne sont pas en reste. Aedian, par exemple, société de conseil et d’ingénierie positionnée sur le tertiaire financier, compte recruter 210 personnes en 2007 contre une centaine en 2006. Son président du directoire, Jean-François Gautier, ne s’en cache pas : cette forte augmentation s’explique aussi par le taux de démission élevé (30 %) dans ce type de prestation. Sachant que ce taux se situe, en moyenne, autour des 12 % dans le secteur des services informatiques.
Derrière cette envolée du recrutement dans les sociétés de services informatiques ?” 82 % des embauches de cadres informaticiens en 2006 selon l’Apec ?”, les embauches persistent dans les entreprises utilisatrices. Mais elles sont plus diffuses. Elles correspondent à un surcroît d’activité et à la volonté des entreprises de maîtriser leurs projets stratégiques.
Les exemples de la Société Générale et, à moindre échelle, du spécialiste de la vente de séjour sur Internet, Promovacances, sont significatifs. La première, dont les informaticiens représentent environ 10 % des effectifs du groupe (120 000 salariés), recrute tous azimuts. D’après la conseillère en recrutement, Karine Grundstein, les embauches correspondent à de nombreux besoins suscités par les différentes lignes métier de la Société Générale, qu’il s’agisse de la banque de détails ou des produits financiers. Chez Promovacances, il s’agit d’assurer une meilleure maîtrise des applications métier et de leurs évolutions. ‘ L’intégration d’informaticiens est indispensable pour capitaliser notre savoir, autant au niveau des expertises techniques qu’à celui des connaissances sur notre métier. C’est stratégique ‘, insiste son directeur informatique, Jérôme Lerouge.
Le défi de la fidélisation des experts
Le bond spectaculaire des embauches de cadres informatiques (+ 28 % en 2006 par rapport à 2005) pousse les entreprises à revoir leur politique de recrutement et de gestion des carrières. Très axées sur les jeunes diplômés ?” 27 % des recrutements dans les SSII en 2006 ?”, les entreprises cherchent par tous les moyens à les séduire. Puis, une fois intégrés, à les fidéliser.
Un vrai défi, surtout pour les sociétés de services écartelées entre leur souhait de disposer de bons experts et le maintien de leur masse salariale ! Lindo Casagrande, fondateur du cabinet PAC Recrutement, estime ‘ qu’elles savent prendre des mesures salariales pour les équipes projets et pour certains experts ?” en PGI, par exemple ?” qui correspondent à une ligne stratégique. ‘ Catherine Maistret, directrice générale du groupe Helice, met l’accent sur le centre de formation interne de la SSII. En soirée ou en intercontrat, les collaborateurs y approfondissent certaines techniques ou des thèmes de management comme la direction de projets.
Des managers plus proches de leurs équipes
Chez Accenture, la formation se poursuit tout au long de la carrière de ses cadres, en fonction de leurs besoins, techniques ou managériaux. Il est un autre élément sur lequel travaillent actuellement les sociétés de services qui veulent fidéliser leurs cadres : celui de la proximité. Il se traduit par un plus grand suivi des salariés.
Chez Aedian, désormais, les managers rencontrent leurs collaborateurs au moins une fois par mois, sur leur lieu de travail. ‘ Cette vigilance s’accompagne également d’une évolution de salaire, en rapport avec les enquêtes données sur le secteur ‘, précise Jean-François Gautier. L’intégrateur spécialisé dans les télécoms, Telindus, par le biais de son programme de certification, cumule formation et proximité : ‘ Chaque trimestre, le manager mesure l’évolution tant technique que comportementale des futurs certifiés ‘, indique Ludovic Catérina, directeur des ressources humaines. La gestion des carrières est un autre élément de fidélisation. Malgré leurs efforts, elle demeure encore le maillon faible des sociétés de services. Comme le souligne Lindo Casagrande, ‘ elles ont tendance à favoriser le turnover des postes les plus courants, afin de conserver des tarifs de prestations compétitifs. ‘
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