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Le rebond sert en priorité les “blue chips”

Si le sursaut du Nouveau Marché a profité aux grandes valeurs high-tech, la place parisienne perd toujours plus de 40 % depuis le début janvier. Quelques belles pépites attendent d’être remarquées.

Elles dégagent, pour la plupart, des bénéfices, se situent sur des marchés à forte croissance, leurs carnets de commandes sont pleins, leur situation financière saine. Leurs cours de Bourse ont pourtant été massacrés, et ces sociétés sont à ramasser. Prosodie, Avenir Telecom, Valtech, Artprice, Genesys, Systar et Fimatex comptent au nombre de ces titres du Nouveau Marché parisien qui ne décollent pas !Le début de rebond qui anime les places financières internationales, depuis qu’une batterie de clignotants positifs a rallumé le Nasdaq, bénéficiant en premier lieu au compartiment technologique, n’atteint pas les actions des sociétés petites et moyennes. Globalement, le CAC 40 et l’indice moyen du Nouveau Marché ont tous deux repris environ 6 %. Mais le marché des valeurs de croissance reste négatif de plus de 44 % depuis le 1er janvier, là où le CAC n’a subi qu’un creux de 9,3 %. En y regardant de plus près, la famille des valeurs technologiques accentue cette discrimination. Le tamisage un peu grossier des investisseurs ne retient que les objets volumineux, de France Telecom à Alcatel en passant par Wanadoo, Business Objects, Thomson multimedia, NRJ, STMicroelectronics… Ces blue chips de la net économie affichent, du 4 au 11 avril, des hausses comprises entre 10 et 20 %.

Ségrégation boursière

Sur cette même période, des sociétés comme Prosodie (-6,7 % entre le 4 et le 11 avril), Genesys (+3,5%), Avenir Telecom (+3,1%) n’ont pas encore ressenti les effets du rebond, alors qu’elles ont publié ces dernières semaines des résultats financiers encourageants. Il en va de même pour le fabricant de puces Picogiga (- 0,9 %), le concepteur de systèmes informatiques pour les marchés financiers GL Trade (+3,1%), ou la SSII Systar (-22 %), qui ont jusqu’ici échappé aux mauvaises analyses et aux mauvaises nouvelles.Il faut ajouter que les blue chips technologiques avaient déjà, dans l’ensemble, mieux résisté que les start-up du Nouveau Marché au krach larvé qui affecte les valeurs technologiques, médias et télécoms (TMT) depuis douze mois. Et cette réalité n’a pas d’origine sectorielle : télécoms, SSII, valeurs assimilées médias, fabricants de puces, fournisseurs d’accès internet… Tous ces univers sont concernés par la ségrégation entre petites et grosses capitalisations.Le phénomène est assez traditionnel. Après le krach de 1987, le Second Marché, support premier à l’époque des valeurs de croissance, avait mis plusieurs mois à retrouver ses niveaux d’avant crise. ” On peut dire que ce marché ne s’est jamais vraiment remis de l’aventure “, affirme un analyste qui a connu ces temps anciens. La psychologie des marchés, elle, ne semble pas avoir beaucoup changé : les professionnels ne sont pas disposés à renouer immédiatement avec la haute voltige. ” Il est plus naturel de profiter du rebond des géantes de la cote. Tant que l’on n’aura pas saturé ce mouvement, les petites ne seront pas servies. Ensuite, les “small caps” en profiteront, et un réel arbitrage se fera, au cas par cas. Mais, lorsqu’Alcatel et Valtech sont toutes deux décotées de 50 %, c’est Alcatel qui relève d’abord la tête “, reconnaît Jean-Yves Hardy, président de Valtech.De nouveaux facteurs, en revanche, sont venus s’ajouter à cette disposition psychologique. La différenciation boursière est largement accentuée par la gestion indicielle et par le poids croissant des capitaux étrangers sur la place de Paris. ” Les fonds de pension et les investisseurs institutionnels sont, pour la plupart, rivés à des grands indices. Ce sont des autoroutes qui passent à côté des chemins de traverse. C’est encore plus vrai des fonds internationaux, qui se positionnent presque exclusivement sur les sociétés de plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Quand on sait que plus de 40 % de la capitalisation du CAC 40 ?” et souvent 80 % des transactions journalières ?” sont dans les mains de portefeuilles étrangers “, relève un analyste.Si la reprise perdure, les vagues d’achat irrigueront à leur tour ces chemins vicinaux. ” Un tri supplémentaire se fera néanmoins à ce moment, parmi les petites valeurs : les premières bénéficiaires seront celles qui opérent sur des secteurs traditionnels : télécoms et dérivés, l’univers de l’informatique au sens large… Les pures dot-com, sauf exceptions, devront attendre encore. Mais lorsque ce mouvement de fond se produira, il devrait être puissant, étant donné le rattrapage à effectuer sur les bonnes affaires “, estime un professionnel. ” Small is beautiful…” À terme.

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Jean-Michel Cedro