Les recoins les plus sombres de la Toile commencent enfin à attirer l’attention. A l’occasion d’une conférence sur le racisme, la xénophobie et les discriminations, organisée en fin de semaine dernière, l’OSCE (Organisation sur la
sécurité et la coopération en Europe) a réclamé le renforcement des lois réprimant ces délits sur Internet, à l’instar de ce qu’elle avait demandé contre les auteurs de propos antisémites. De quoi poser les prémices d’une coopération
internationale.Chargée de missions comme la surveillance de la régularité des votes ou le respect des chartes des droits de l’Homme, l’OSCE a réuni pendant deux jours, à Vienne, associations non gouvernementales et officiels pour débattre du sujet.
Une organisation a particulièrement retenu l’attention : le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).En juillet, l’ONG française avait déjà publié un
rapport sur la prolifération du racisme sur Internet. Cette fois, Gérard Kerforn, un des membres de son bureau national, a présenté des esquisses de solutions. Première étape :
l’établissement d’un état des lieux. Aujourd’hui, les informations concernant l’incitation à la haine sur le Web restent disséminées entre de trop nombreux acteurs.Est aussi suggérée la réalisation d’études sur ‘ l’incidence sur les mentalités et les comportements dans les milieux fragiles des messages racistes diffusés par Internet ‘ et
‘ l’impact du média dans un contexte de tensions intercommunautaires ‘. Des groupes de travail au sein de l’OSCE seraient chargés d’effectuer un suivi au quotidien.
Réduire l’antagonisme des positions américaines et européennes
Tout en ne souhaitant pas faire des hébergeurs les régulateurs du Web, Gérard Kerforn compte ‘ mieux intégrer les prestataires de l’Internet aux processus de vigilance [via] l’élaboration, au
niveau européen, d’une charte type définissant les conditions d’utilisation des services d’hébergement et de communication excluant toute expression raciste ‘. Il souhaiterait aussi que soient mieux valorisés les sites aux
contenus positifs. Par exemple, en créant un label qui serait pris en compte par les moteurs de recherche.Des propositions qui risquent de rester longtemps à l’état de propositions. Ainsi de la lutte contre l” hébergement abusif ‘. Sur les 4 000 sites racistes recensés en 2002, 2 500 étaient établis
aux Etats-Unis, sous le couvert du fameux premier amendement de la constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression. L’OSCE pourrait toutefois constituer un lieu idéal pour résoudre les conflits. Organisation européenne, elle compte en
effet aussi en son sein les Etats-Unis et le Canada.Vienne aura d’ailleurs permis d’entamer des discussions très préliminaires. ‘ Il y avait une volonté de trouver un moyen de se mettre d’accord, explique très diplomatiquement Keith Jinks, un des
porte-parole de l’OSCE. Les positions américaines, centrées sur la liberté d’expression, et européennes, plus dirigistes, restent toutefois incompatibles. Les Etats-Unis pensent en termes de marché, où les sites au contenu positif doivent
être meilleurs que les sites au contenu négatif. ‘Les deux continents auront toutefois du temps pour se mettre d’accord. La prochaine étape va être la réalisation par l’OSCE d’un rapport résumant les différentes contributions, qui sera étudié lors d’un sommet, le mois prochain, à
Varsovie. La décision d’adopter des recommandations devrait, elle, revenir aux ministres des Affaires étrangères des 55 états membres de lorganisation, qui se réuniront le 1er décembre à Maastricht.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.