Le rachat éventuel de SFR par Bouygues aurait des conséquences non négligeables sur l’équilibre du marché des réseaux fixes haut et très haut débit.
Contrairement au mobile, marché sur lequel le numéro 3 et le numéro 4 du marché fusionneraient pour totaliser 32 millions d’abonnés, dans les réseaux fixes, Bouygues est beaucoup moins puissant. Il est parti tard, après ses rivaux. Il a racheté en 2007 à Neuf Cegetel, 600 noeuds de raccordement d’abonnés pour son offre ADSL.
Ensemble, SFR (5,2 millions d’abonnés) et Bouygues Telecom (2 millions de clients) formeraient un incontestable numéro deux du haut et très débit (ADSL, fibre optique). Totalisant 7,2 millions d’abonnés, ils seraient loin derrière Orange et ses dix millions de clients. Mais, ils devanceraient Free et ses 5,64 millions d’abonnés.
Sur le plan des infrastructures télécoms, Bouygues accèderait avec SFR au plus important réseau alternatif de France, concurrent de celui d’Orange.
SFR+Bouygues “cadenassera” t-il le marché ADSL pour les opérateurs alternatifs ?
A la fin de 2012, SFR disposait de 5300 noeuds de raccordement d’abonnés en propre, soit 27 millions de lignes dégroupables en ADSL.
L’ensemble SFR+Bouygues réunirait donc largement plus de 6000 noeuds de raccordement avec des équipements. Cependant, il ne menacerait pas la position dominante d’Orange. En revanche, l’opérateur issu de la fusion pourrait redéfinir les règles d’accessibilité au marché de l’ADSL pour les opérateurs alternatifs.
« Dans le contexte de guerre des prix sur l’ADSL lancée par Bouygues, son rachat de SFR serait de nature à redistribuer les cartes. Bouygues pourra cadenasser le marché à son profit en jouant soit sur les tarifs de la collecte, soit sur celui de la revente de la fibre technique rendant la concurrence impossible pour les opérateurs alternatifs » estime l’hébergeur OVH, acteur sur les offres ADSL.
Ce dernier affirme « qu’il veillera à ce que cet aspect ne soit pas écarté dans l’enquête de l’autorité de la concurrence qui interviendra dans le processus du rachat ».
Bouygues affiche sa préférence pour les réseaux fibre optique FTTH
Le paysage des réseaux fibre optique serait également modifié par la future opération. Depuis 2010, les deux opérateurs sont liés par un accord de co-investissement dans certains communes situées en zone de population très dense. SFR est également lié à Orange.
En cas de succès de son offre sur SFR, Bouygues Telecom a prévu d’augmenter fortement ses investissements dans les réseaux fibre optique. « Nous investirons 400 millions d’euros par an dans la fibre optique » a déclaré Olivier Roussat, PDG de l’opérateur. Soit, plus que les sommes engagées actuellement par SFR et Bouygues réunis.
SFR apporte à Bouygues Telecom les conventions signées avec les collectivités locales pour le déploiement de réseaux en fibre optique jusqu’au domicile des abonnés (Loiret, Ile-de-France,…)
Son accord actuel avec Numericable pourrait souffrir, si Bouygues l’emporte
Dans une lettre adressée à l’association des villes et communautés pour les communications électroniques et audiovisuel (Avicca), Martin Bouygues s’est engagé à reprendre ces engagements de SFR.
Le PDG ajoute une précision importante, « et par haut débit fixe, j’entends, bien entendu, fibre jusqu’à l’abonné, FTTH, technologie bien supérieure au câble, même modernisée ».
Autrement dit, Bouygues privilégiera la construction d’un réseau FTTH. Cette position pourrait remettre en cause son alliance avec Numericable, son concurrent pour le rachat de SFR. Bouygues Telecom utilise sa technologie de réseau mariant la fibre optique jusqu’en pied d’immeuble puis le câble coxial existant, jusqu’au domicile de l’abonné.
Actuellement, pratiquement tous les 363 000 abonnés très haut débit fixe de Bouygues Telecom, qui utilisent sa box Sensation Fibre, passent par le réseau de son partenaire.
En cas de succès de son offre de rachat, ses clients ne pourraient-ils basculer sur les réseaux fibre de SFR, sachant que Bouygues mettra la priorité sur la conquête d’abonnés sur les réseaux FTTH ?
A lire ausssi :
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