Fusionner deux standards large-ment répandus, IP et SCSI, pour faciliter l’accès aux réseaux de stockage SAN (Storage Area Network), c’est ce qu’ont voulu réaliser IBM et Cisco avec iSCSI. A quelques semaines d’intervalle, ils ont chacun lancé un produit reposant sur ce nouveau protocole, par ailleurs soumis aux processus de standardisation de l’IETF (Internet Engineering Task Force) : une baie de disque pour le premier (la TotalStorage 200i), un routeur assurant un pont entre IP et Fibre Channel pour le second (voir encadré).L’iSCSI encapsule des instructions SCSI dans des trames IP. Résultat, plus besoin de passer par un serveur ou par un boîtier reliés aux baies de disques pour convertir les commandes SCSI en IP (et inversement). Ici, les unités de stockage – celles d’IBM notamment – sont directement placées sur le réseau Ethernet.L’architecture de stockage que laisse entrevoir l’iSCSI s’apparente donc au NAS (Network Attached Storage), puisqu’elle permet le partage de fichiers stockés dans des baies SCSI entre des serveurs aux environnements d’exploitation différents.
Un concurrent déclaré de Fibre Channel
En quoi, alors, la TotalStorage 200i se distingue-t-elle des serveurs de fichiers traditionnels fabriqués par Quantum, Dell ou Network Appliance (qui, par ailleurs, a déjà prévu d’adopter iSCSI pour de futures baies) ? “iSCSI garantit un meilleur débit que IP dans la mesure où ce dernier est plus bavard. Par ailleurs la conversion de IP vers iSCSI est plus simple que celle transformant IP en SCSI “, explique-t-on chez IBM. iSCSI pourrait donc être à l’origine d’une offre de type ” turbo NAS ” dans les prochains mois.A en croire ses inventeurs, iSCSI présenterait des performances équivalentes à celles du Fibre Channel utilisé dans les réseaux de stockage SAN. En effet, sur un réseau Gigabit Ethernet, l’iSCSI exploiterait potentiellement toute la bande passante. En théorie seulement. Car, même si le protocole est relativement peu bavard, son débit pratique avoisinerait plus de la centaine de Mbit/s. Toujours est-il qu’IBM et Cisco comptent sur l’association de l’iSCSI et du Gigabit Ethernet pour séduire les petites et moyennes entreprises qui n’ont pas les moyens d’installer un SAN.
Une architecture pas forcément simplifiée
Se pose également la question de savoir si le nouveau protocole garantit les mêmes services que ceux offerts par le Fibre Channel. Sur ce point, le doute est permis. En effet, IP n’a pas été conçu pour gérer des flux intensifs de fichiers, contrairement au Fibre Channel. Il reste dédié à un transport sporadique de données, impliquant en ce sens des risques de saturation du réseau. Aussi, IBM et Cisco travaillent-ils sur des outils de contrôle des flux pour réduire au maximum les temps de latence. Pour pallier ces éventuels goulots d’étranglement, une autre solution consiste à créer, sur le même modèle que le SAN, un réseau iSCSI exclusivement réservé au stockage.Cette formule a, d’ailleurs, fait déjà des émules chez les utilisateurs de NAS confrontés à des flux intensifs de données. Seulement une telle configuration ne ferait que compliquer une architecture de stockage que l’iSCSI promet de simplifier… Compliqué, car les deux réseaux IP induiraient chacun des problématiques et des outils d’administration fort différents. Certes, l’iSCSI tire parti de l’infrastructure IP préexistante et offre en cela un avantage indéniable. Mais il devra trouver sa place entre le NAS traditionnel et le SAN.
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