Passer au contenu

Le progiciel libre ne fait plus peur

Les fonctions des progiciels libres rivalisent avec celles des produits commerciaux. Les transfuges de SAP, Oracle et autres Baan renforcent l’expertise métier des communautés.

Rien ne résiste à l’open source. Pas même le bastion des logiciels de gestion d’entreprise. Ainsi le salon ERP 2006 du mois de septembre exposait-il une poignée de solutions présentées par des intégrateurs
partenaires : Tiny ERP (Sednacom et Axelor), Ofbiz/Neogia (Néréide), Compiere (ODM Consulting), SugarCRM (Axelor), ou encore Open Blue Lab (Blue XML).Ces ‘ petits jeunes ‘ ?” cinq ans d’âge moyen, contre plus de trente pour SAP, par exemple ?” ont les dents longues. Et ils capitalisent sur l’expérience de leurs aînés, dont
ils récupèrent souvent les ouailles sacrifiées sur l’autel de la rentabilité. De plus, ils n’ont pas à réinventer la roue : ‘ Nous nous sommes servis de la documentation de Sage pour mettre au point notre
comptabilité ‘,
ironise un chef de projet open source. Il n’a pas eu besoin de copier le code source de Sage : développer une comptabilité est à la portée de tous. Sur le site www.Sourceforge.net, on en recense
plus de 600.Parallèlement, 400 projets sont liés à la gestion d’un point de vente, 300 à la gestion de la relation client (GRC), et des dizaines se réclament du label ‘ ERP ‘. Néanmoins, ces chiffres sont à
relativiser. Tous ces projets ne sont pas actifs. Et bon nombre d’entre eux sont liés à des fondations communes (notamment, dans la catégorie des PGI, Ofbiz et Compiere). Sans compter que certaines fonctions sont plutôt délaissées : la
gestion de production, la chaîne logistique, et, surtout, les ressources humaines.

Halte aux préjugés

Il faut aussi tordre le cou à certaines idées reçues. Non, ces projets de PGI libres n’utilisent pas tous uniquement des briques open source, et ne tournent pas que sur Linux. Compiere en est un exemple : il fonctionne sur
Windows comme sur les principaux Unix du marché (dont Linux), et préconise l’utilisation de la base de données d’Oracle.Non, les licences ne sont pas toujours gratuites. Si le code source est téléchargeable et modifiable, certaines fonctions évoluées sont parfois payantes. C’est le cas chez SugarCRM. ‘ Les fonctions de base
sont gratuites. Pour obtenir plus d’options, il faut passer à la version professionnelle, voire à la version entreprise,
explique Damien Bidallier, chef de projet chez Axelor. Certaines d’entre elles sont
disponibles sous forme de plug in téléchargeables gratuitement auprès de la communauté de développeurs. Mais c’est alors au client de les intégrer. ‘
Non, les fonctions ne sont pas forcément limitées par rapport à celles proposées dans les solutions commerciales des grands éditeurs. ‘ Le modèle open source permet d’avancer plus vite dans les projets et
de tenir plus rapidement compte, par exemple, des mises à jour en matière de contraintes légales,
explique Lionel Darnis, de Sednacom. La comptabilité de Tiny ERP est d’ailleurs utilisée par une vingtaine de personnes
dans un cabinet d’experts-comptables. ‘
De son côté, Néréide s’appuie sur des talents issus de chez Baan, Oracle ou SAP pour maîtriser certains processus métier. Et chez Axelor, on capitalise sur des anciens de
grandes SSII ou de grands comptes français.

Des communautés hyperactives

Ces partenaires intégrateurs enrichissent l’application sur les plans technique et fonctionnel. Et cela en permanence. Leurs effectifs, souvent réduits, sont plus que décuplés par l’effet communauté. Sednacom ne compte
ainsi qu’une dizaine de personnes, mais il peut s’appuyer sur une communauté de plus de 500 développeurs connaissant Tiny ERP. Le client est aussi mis à contribution ?” sur la base du volontariat ou en mettant la main
au portefeuille. ‘ Quand un client veut une nouvelle fonction, nous la développons dans le cadre d’une mission de service, et nous l’intégrons dans le produit. Donc, il paye. Mais la fois suivante, il bénéficiera
d’une fonction financée par une autre entreprise ‘,
explique Olivier Heintz, de Néréide.Revers de la médaille : le rythme parfois élevé des mises à jour. Mais ‘ mieux vaut opérer des petits changements et “perdre” une demi-journée tous les deux mois que de planifier une grosse mise
à jour tous les deux ans ?” qui ne sera pas faite, car trop importante ‘, assène Olivier Heintz.
Conscients de certaines de leurs faiblesses, SAP et Oracle ont, chacun à sa façon, les yeux rivés sur l’open source. S’il ne manifeste aucune inquiétude, SAP achète quand même des liens sponsorisés sur les sites
Sourceforge.net et Fresh­meat.net…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Pierre Landry