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Le prix du pétrole, une opportunité pour l’électronique

Si le prix du pétrole reste à un niveau élevé, des mesures de plus en plus nombreuses seront prises pour favoriser l’utilisation des énergies alternatives. Or beaucoup d’entre elles sont liées à l’électricité, donc à l’électronique et
en particulier l’électronique de puissance.

En parlant d’énergies alternatives, les français pensent souvent biocarburant, éolien, et photovoltaïque. Mais, pour l’industrie française, l’essentiel de la mutation qui s’annonce va être tiré par le nucléaire, l’optimisation
énergétique en général, et les voitures de plus en plus hybrides. L’hydrogène et toutes les technologies qui lui sont liées seront sans doute un jour un vecteur de transmission énergétique très important, mais probablement pas de façon significative
avant 20 ans.Dans tous les propos que l’on entend ici et là sur les énergies alternatives, la notion de subvention semble gravée à demeure dans les plans de développement. Certes, pour faire décoller les marchés, des incitations sont nécessaires.
Mais il ne faudrait pas oublier que ces subventions sont payées in fine soit par le contribuable, soit par les clients d’EDF.Tant que les énergies renouvelables représentent une part négligeable de la production électrique totale, ces subventions ne posent pas de problème financier majeur. Mais ces énergies, hors subventions, peuvent coûter en fait deux,
quatre, ou même dix fois plus cher que le nucléaire ou le thermique traditionnel. A partir d’une certaine part de la production totale, sans doute de l’ordre de 20 %, qui doit donc payer les subventions aux énergies renouvelables ?

Nucléaire et optimisation énergétique en vedette

Nous avons déjà vu dans ces colonnes que le photovoltaïque, du fait de son coût, ne doit être considéré pour l’instant dans les pays développés que comme une solution d’appoint ou de sauvetage, lorsqu’il apporte des avantages indirects
(par exemple là où l’arrivée du réseau représente un investissement trop coûteux).L’éolien à grande échelle attend, lui, la naissance du concept d’îles artificielles à placer à 10 km des côtes pour éviter pollutions visuelles et sonores. De toute façon, l’industrie française sera-t-elle capable, vu son retard
actuel, de reprendre l’avantage dans ce domaine pour les énormes éoliennes à venir, de plus de 6 MW de puissance crête, les seules capables de lutter économiquement un jour avec les centrales thermiques classiques ?Reste donc à considérer à court terme pour notre industrie le nucléaire, la cogénération, l’optimisation énergétique de tous les systèmes électriques, et la voiture hybride sous toutes ses formes ?” et elles sont
nombreuses ! (Les biocarburants sont aussi à développer mais leur développement n’est pas lié à l’électricité… sauf si des raffinages devaient un jour se faire grâce à des chauffages électriques, avec une électricité fatalement issue du
nucléaire du fait de son faible coût relatif et de son absence de rejets de gaz carbonique.)Les grands acteurs actuels ou potentiels des énergies nouvelles ont pour nom, en France, Areva, Alstom, Total (pour le solaire), Renault et Peugeot. Les grands intermédiaires de l’électricité et des économies d’énergie sont les groupes
Schneider et peut-être un jour Legrand pour le résidentiel. A ces grands noms s’ajoutent une foule de PME spécialisées soit en conversion d’énergie, soit en stockage d’énergie ou autres applications spécifiques.Nous sommes donc loin d’être industriellement condamnés à être absents de la course aux matériels liés aux énergies nouvelles. Nous avons certes des faiblesses en France, dont celle d’un pauvre savoir-faire des installateurs des
nouveaux générateurs d’énergie en résidentiel et d’une mauvaise sensibilisation de la population à ces problèmes (les nouvelles énergies, c’est d’abord pour les autres…) ; qui sait d’ailleurs dans notre pays ce qu’est la cogénération
(alors qu’elle devrait pouvoir permettre des économies de 30 % sur le coût du chauffage des immeubles) ?Mais nous avons un grand savoir-faire sur tout ce qui tourne autour de l’électricité, en particulier en électronique de puissance. Aujourd’hui, le secteur électrique représente moins de 5 % de la consommation de composants
électroniques en France.Rendez-vous donc dans 15 ans : il pourrait représenter alors 15 % de cette consommation en valeur livrée dans le pays, certes loin derrière l’électronique automobile, qui aura toutes les chances de caracoler vers les
50 %, mais peut-être devant les télécoms, secteur touché par des délocalisations de productions qui semblent aujourd’hui sans fin (attention : nous faisons appel ici à la notion de productions en France avec livraisons de composants en
France, notion qui n’a rien à voir avec la santé des sociétés françaises des autres secteurs de l’électronique : il n’y a aucune raison pour qu’elles ne continuent pas, elles, parallèlement leur croissance en produisant de plus en plus à
l’étranger).* Rédacteur en chef d’ Electronique InternationalProchaine chronique jeudi 1er décembre

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Jean-Pierre Della Mussia*