Lors de la conférence sur les semi-conducteurs et les systèmes informatiques, organisée lundi par Lehman Brothers, Michael Dell a estimé “ tout à fait respectable ” la performance du constructeur informatique dans le contexte particulièrement difficile subi par ce secteur d’activité.” Dell a été la seule société à connaître une croissance positive de ses volumes de vente au cours des trois derniers trimestres “, a-t-il fait savoir en la comparant à des concurrents tels que Hewlett-Packard, Compaq ou Gateway.Dell, premier constructeur mondial de micro-ordinateurs, a déclenché une guerre des prix et a vu sa part de marché progresser au deuxième trimestre de son exercice financier : celle-ci est passée à 14 % au niveau mondial et à 25 % aux Etats-Unis, grâce à une progression des livraisons de 19 % par rapport à la même période de l’exercice précédent.Toutefois, ce constat doit être nuancé. Le diagnostic très optimiste de Michael Dell sur l’essor du nombre d’unités de PC vendues fait mine d’ignorer les licenciements récents du fabricant (1700 suppressions de postes en mai). Certes, Dell pourrait rester premier sur ce segment, mais il reste plus que jamais fragilisé par la décroissance prévue de certains segments.Celui du portable illustre parfaitement la tendance : vendredi, International Data estimait que les livraisons mondiales d’ordinateurs portables régresseraient cette année de 1,6 % à environ 130 millions d’unités. En juin, il prévoyait encore une croissance de 5,8 %, ce qui constituait déjà une réduction par rapport aux 10,3 % antérieurement prévus.En termes de ventes, IDC s’attend maintenant pour 2001 à une baisse de 10,8 %. Et en ce qui concerne les livraisons aux Etats-Unis, elles devraient chuter de 13 %, alors que les estimations antérieures tablaient sur un déclin de 6,3 %.
Un rebond envisagé avec optimisme
Chez Dell, on est toutefois convaincu que l’économie et la demande rebondiront. Le tout est de savoir quand et jusqu’à quel point. Mais la société affirme que sa stratégie lui permettra de bénéficier pleinement de ce retournement lorsqu’il se produira. Dell souligne que nombre d’entreprises vont devoir remplacer leurs micro-ordinateurs : beaucoup datent de 1999, époque où la proximité du passage à l’an 2000 et le boom de la Net-économie favorisaient l’explosion de la demande.Outre ce cycle de remplacement, Dell compte beaucoup sur l’expansion du numérique dans l’édition musicale, la photo et la vidéo, la poursuite de la croissance de l’Internet et les réseaux de communication interne des entreprises.La société ne peut toutefois ignorer les turbulences traversées par des grands noms comme Hewlett-Packard, qui a annoncé le 3 septembre son projet de rachat de Compaq. A l’époque, la transaction était évaluée à 25 milliards de dollars. Mais la réaction du marché ne s’est pas fait attendre : durant les jours qui ont suivi, le cours des deux sociétés a chuté, à tel point que ce montant s’est trouvé amputé de plus de 5 milliards de dollars.
Le marché du PC, mûr pour la concentration ?
Invité à commenter le rapprochement de ces deux géants, Michael Dell ne s’est guère étendu sur le sujet. ” Ces sociétés se sont données beaucoup de mal pour modifier leurs structures de coûts “, a-t-il dit, et de ce point de vue, leur fusion “pourrait être judicieuse”. Mais, à l’en croire, elle pourrait profiter à Dell, compte tenu de la confusion et des incertitudes qu’elle risque de créer auprès des clients.Beaucoup d’analystes et d’industriels du secteur estiment depuis des mois que le marché des micro-ordinateurs est mûr pour une nouvelle phase de concentration. Si bien que le projet d’acquisition de Compaq par Hewlett-Packard ?” qui n’est encore nullement réalisée ?” constitue la manifestation la plus importante de cette tendance.” La consolidation [de l’industrie informatique] nous profitera probablement davantage qu’à n’importe quelle autre société du secteur “, affirme pourtant Michael Dell à Dan Miles, analyste de Lehman Brothers, dans une interview diffusée sur Internet.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.