Voilà une étude qui devrait alimenter les débats
sur la loi droit d’auteur et l’avenir de la copie privée, qui commencent mardi 20 décembre au soir au Parlement. La date de
sa présentation et le lieu (à la maison de la Chimie, à deux pas de l’Assemblée nationale) ne sont d’ailleurs pas fortuits. L’association UFC-Que Choisir entend bien l’utiliser pour défendre son point de vue et convaincre les députés que la
répression n’est pas la seule voie pour lutter contre le piratage.L’étude a été menée par le laboratoire de recherche en économie industrielle Adis, de l’Université Paris XI, ce qui lui donne ainsi un cachet scientifique indéniable. Et ses résultats vont à contre-courant des idées reçues.Premier constat : l’échange de fichiers de musiques ou de films est devenu un phénomène de société. ‘ Le copiage est une pratique sociale fortement ancrée ‘, insiste Alain Bazot,
président de l’UFC-Que Choisir. ‘ C’est un fait et non un jugement moral que de dire cela ‘. 89 % des internautes français déclarent copier des morceaux de musique numérisés. Pour les films, le
pourcentage s’établit à 66 % des internautes possédant des copies de films obtenues par échange.Deuxième point : il n’existe plus de profil type du copieur. Ni l’âge, ni les revenus, ni le lieu d’habitation ne sont des critères distinctifs, mais il s’agit généralement d’un homme. Sur ce constat au moins, l’industrie du disque
est d’accord : ‘ Aujourd’hui le copieur est Monsieur Tout le monde ‘, confirme Marc Guez, directeur général de la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques).Le reste de l’étude est sujet à des interprétations contradictoires entre l’association de consommateurs et le représentant de l’industrie musicale.
Accros au téléchargement et gros consommateurs
Les chercheurs du laboratoire Adis affirment ainsi que les plus gros copieurs sont également les plus acheteurs de musiques et de films. Le téléchargement ne servant finalement qu’à aiguiser leur appétit pour l’industrie culturelle. Un
argument balayé de la main par Marc Guez : ‘ Si le peer to peer faisait augmenter les ventes de CD, on serait les premiers à en faire la publicité. ‘
Par ailleurs, les internautes seraient tout à fait conscients des risques juridiques qu’ils encourent. Selon les responsables de l’étude, cela prouve que les procès ‘ pour l’exemple ‘ ne servent à rien. Marc
Guez nuance toutefois cette analyse : ‘ Il y a une différence entre savoir que l’on est dans l’illégalité et être pris la main dans le sac. ‘ Et le directeur général de regretter que la Cnil
ait bloqué l’envoi d’avertissements à des internautes échangeant des fichiers.L’étude établit un montant global que les internautes seraient prêts à payer chaque mois pour avoir le droit de télécharger légalement. Il est de 12,62 euros pour musique et films confondus. C’est le principe de la
licence globale chère à l’association de consommateurs.‘ Cela prouve que les internautes attribuent une valeur économique à ce qu’ils échangent ‘, traduit Julien Dourgnon, directeur des études et de la communication de l’UFC-Que Choisir.
‘ S’ils sont vraiment prêt à payer, pourquoi narrêtent-ils pas le peer to peer pour acheter sur les plates-formes légales ? ‘, ironise Marc Guez.
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