L’installation d’un progiciel de gestion intégré (PGI) dans une entreprise amène bien souvent un changement dans l’organisation du travail. En effet, la notion d’intégré sous-tend que la base de données unique est partagée par les services de l’entreprise. Cela change la nature de l’activité. Comme le rappelle Arnaud Bonhomme, directeur de l’activité Enterprise Solutions Management chez Cap Gemini Ernst & Young, “un PGI est, par essence, structurant “. Les flux et les processus sont prédéfinis. Même si, heureusement, des paramétrages sont possibles. Mais ces derniers restent limités.“C’est donc donnant-donnant : l’éditeur particularise son logiciel, et, de son côté, l’entreprise se réorganise “, estime Arnaud Bonhomme. La réorganisation des services peut aussi être plus le fait d’un opportunisme de l’équipe dirigeante que la conséquence directe des progiciels installés. “La mise en place d’un PGI permet de revenir sur des procé- dures internes peu adaptées “, confirme Virginie Bauvais, chargée d’études au Cigref. Selon l’étude ” Retours d’expérience ERP “, publiée par ce dernier, l’existence de points de blocage de l’information entre services et l’absence de vision d’ensemble de l’entreprise créent un environnement particulièrement favorable à la mise en place d’un progiciel. “L’unicité et la cohérence des données de base pour la production, les achats et le commercial ont apporté de la fiabilité dans les échanges d’information et ont supprimé la redondance “, estime, dans ce rapport, un responsable du groupe pharmaceutique Hoffmann Laroche.“L’installation de Movex a modifié essentiellement le processus de fabrication “, assure Dominique Scida, responsable des développements techniques au sein de Gris Découpage, spécialisée dans la fabrication de rondelles en acier. La PME a eu accès, avec son progiciel, à des données auparavant inaccessibles. Ces nouvelles informations ont abouti à la création d’un service commercial. Mais la réorganisation de l’entreprise doit se préparer en amont et pendant l’installation du produit. Dans ” Retours d’expérience ERP “, on peut, selon le DSI de Pechiney, Pierre Dubarry, “parfois regretter que l’obsession, au cours du projet, se soit portée sur le déploiement, et qu’on ait pu perdre un peu de vue l’amélioration des processus par la mise en place des meilleures pratiques “. Toutefois, les progiciels ne constituent pas un facteur d’uniformisation des entreprises. “Si SAP fournit son produit à Renault et à PSA, cela ne signifie pas pour autant que les deux organisations soient équivalentes “, rappelle Arnaud Bonhomme.
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