La complainte est habituelle chez Stéphane Richard qui ne perd pas une occasion de regretter l’arrivée de Free en France sur le mobile. Mais lors de l’émission du Grand Jury sur RTL où il était invité ce 1er février, il a tout bonnement tiré la sonnette d’alarme.
Le choix d’un marché à quatre opérateurs aurait eu pour conséquences une baisse de 40% des tarifs dans notre pays. Une bonne nouvelle pour les consommateurs mais pas pour Orange. « On ne peut pas aller plus loin », s’est exclamé Stéphane Richard qui déplore une baisse de 2 milliards d’euros de marge brute annuelle. Descendre encore en-deçà pénaliserait les investissements lourds dans les infrastructures. « Et cela mettrait en danger la capacité de la France à être un pays connecté ».
Or, ces investissements dans la fibre ou la 4G sont indispensables techniquement. « Nous avons d’énormes besoins capacitaires : il faut savoir que le trafic internet mobile double chaque année » a-t-il souligné. « Et nous devons trouver les moyens de monétiser ses nouveaux usages pour rentabiliser ses investissements qui se font sur 20 ans ».
Voir l’émission :
Stéphane Richard, invité du Grand Jury, le 1er… par rtl-fr
Orange ne sera pas acteur de la consolidation du marché
Stéphane Richard a aussi rappelé que l’arrivée de Free avait eu pour effet de détruire des emplois dans les télécoms, SFR et Bouygues ayant dû licencier massivement. Il reste donc un adversaire acharné d’un marché à quatre opérateurs. Mais plus question pour autant d’évoquer un rapprochement avec un autre opérateur comme Orange l’avait fait l’année dernière avec Bouygues lors du rachat de SFR par Numericable. « Orange n’a aucune intention de reprendre des discussions avec qui que ce soit », a-t-il déclaré. La situation de leader d’Orange l’empêcherait légalement en effet de tenter tout rachat.
Opérateurs vs Google et consorts, le besoin d’un équilibre
Le PDG d’Orange a également déploré la politique industrielle européenne. « La seule qu’on ait eu depuis trente ans, c’est de l’antitrust au nom d’une idéologie de la concurrence qui a fait des ravages dans notre secteur ». Mais son nouveau cheval de bataille, c’est la lutte contre les Gafa (Google-Apple-Facebook-Amazon) et principalement contre Google.
« Où est le problème concurrentiel ? Du côté des 100 opérateurs européens ou de Google qui détient 97 % de parts de marché des recherches sur internet ? », s’est-il étranglé. « Je ne réclame pas le démantèlement de Google mais l’égalité de traitement sur les données personnelles et la fiscalité. Je trouve scandaleux et inacceptable que les trois plus grandes entreprises américaines de l’internet payent 1% des impôts du numérique en France, quand nous, les opérateurs en payont 96% ».
Il a cependant reconnu entretenir de très bonnes relations avec Larry Page qu’il rencontre régulièrement aux Etats-Unis ou en Europe. Les deux hommes poursuivent notamment des discussions sur le problème de la « proxification ». Un nom savant pour décrire le chiffrement du trafic. Google a effectivement fait passer YouTube et son moteur de recherche en HTTPS. Ce qui aurait pour effet d’empêcher l’opérateur de gérer le réseau.
Enfin, Stéphane Richard a souhaité que l’Europe revienne sur sa conception de la neutralité du net. « Jusqu’à maintenant, elle a été exclusivement dirigée contre les opérateurs », a-t-il regretté, laissant entendre que les Gafa avec leurs services en situation de monopole en Europe devraient également être ciblés…
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Source :
RTL
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