S’inquiéter du retard de la France en matière d’intelligence économique tient du lieu commun. Mais, en prônant un ‘ patriotisme économique ‘ face à des pays concurrents ‘ qui font de
l’intelligence économique comme ils respirent ‘, le député UMP du Tarn, Bernard Carayon, a donné une touche volontairement provocatrice au rapport parlementaire qu’il vient de dévoiler. Une démarche qui pourrait profiter au
monde français de l’informatique.Au-delà des faiblesses des entreprises, c’est en effet l’Etat qui est ici surtout remis en question. ‘ Alors que les Etats-Unis en font une priorité publique, la France, elle, n’a jamais eu de doctrine en la
matière, a expliqué aujourd’hui Bernard Carayon. Le périmètre stratégique de l’économie n’a ainsi jamais été défini ‘. Cas d’école :
Gemplus, dont la prise de contrôle par un fonds américain inquiète le député.Parce que l’Etat n’a jamais défini les entreprises critiques à ses yeux, il n’a pas su réagir ici. Et n’aurait de toute façon pas pu, faute d’outils adéquats. ‘ La Défense dispose bien d’un fonds d’investissement
avec la Financière de Brienne mais, pour les autres ministères, il n’y a rien. Il nous faut une possibilité de réaction rapide ‘. Une piste qui devrait être explorée par le Conseil national pour la compétitivité et la
sécurité économique (CNCSE) dont il appelle la création.
Créer des domaines de compétence précis
Au-delà des instruments financiers, Bernard Carayon souhaite étendre sa méfiance aux services informatiques. Il se dit ainsi inquiet face au recours à des sociétés étrangères pour des projets liés à la sécurité de la transmission des
informations publiques, et en particulier ministérielles. L’exemple cité ici est le projet Accord de coordination comptable du ministère de l’Economie, confié à un consortium américain Accenture-Peoplesoft. Pour le député,
‘ sans faire, bien entendu de procès d’intention […], il est souhaitable que l’aspect financier ne soit plus le seul critère ‘.La culture de l’intelligence économique réclamée par Bernard Carayon se veut aussi scientifique. Il propose ainsi la création d’un comité d’experts ‘ chargés de définir les axes de recherche dans le domaine du
traitement logiciel de l’information ‘. Sans grandes illusions. Il n’est pas question ici de rattraper le retard jugé ‘ considérable ‘ de la France en matière d’informatique et
dInternet mais de lui permettre de se créer des domaines de compétence bien précis.Coût estimé des trente-huit propositions du député : à peu près zéro euro. Pour Bernard Carayon, une volonté politique forte suffirait à combler le déficit français en intelligence économique. Reste donc à connaître la réaction de
Jean-Pierre Raffarin, à qui le rapport a été remis jeudi dernier.
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