La culture est le débat le plus passionné du numérique. Alors qu’un grand nombre de personnes ne perçoit pas vraiment les enjeux de la protection des données, tout le monde connaît le débat sur le piratage. Et ce grâce ou à cause de la Hadopi qui est devenue le point névralgique de la protection contre le piratage d’œuvres culturelles.
Et pourtant, ce n’est pas la haute autorité qui, la semaine dernière, a été la cause de la décision de bloquer de sites pirates comme The Pirate Bay ou T411. Ce sont les ayants-droits comme la SCPP -dont le président est Pascal Nègre, le patron d’Universal. Ce sont eux qui ont poussé la justice à agir.
Pour le Parti Pirate, anti-Hadopi de la première heure, ces organismes ne cherchent pas à conduire une politique culturelle, mais à protéger leurs revenus. En créant un « miroir » pour diriger les internautes vers The Pirate Bay en dépit de la décision de justice, ces militants veulent avant tout lancer un débat public sur « le parasitisme des sites marchands dans l’univers culturel ». Et aussi sur cette décision de justice qui, selon Thomas Watanabe-Vermorel, porte-parole, démontre la méconnaissance du sujet.
« Une liste des liens miroirs a été publiée, mais à quoi sert-elle, puisqu’il suffit d’en créer d’autres qui n’en feront pas partie », nous a-t-il indiqué. « Nous savons que celui que nous avons mis en ligne sera supprimé, mais il faudra une nouvelle décision de justice pour l’ajouter à la liste de la justice. C’est surtout pour interpeller l’opinion publique que nous avons fait cela ». L’opinion publique… et Fleur Pellerin dans la foulée.
Des relations tendues avec Fleur Pellerin
En pleine préparation du la loi Culture et numérique laissée en plan par Aurélie Filippetti, la nouvelle ministre de la Culture reprend en effet le dossier et a promis de présenter un projet de loi en 2015. « Il fallait le faire, mais on déplore qu’il n’y ait aucune concertation citoyenne sur ce sujet », regrette Thomas Watanabe-Vermorel.
D’autant qu’Axelle Lemaire en a lancé une pour sa loi numérique et que lors de la Social Good Week, François Hollande a affirmé que les décisions sur le numérique ne peuvent se faire qu’après avoir donné la parole aux citoyens. Pour la culture, ce n’est pas à l’ordre du jour, même si le rapport Lescure, qui pourrait alimenter le texte en propositions, s’est nourri de débats.
Mais, les relations entre Fleur Pellerin et le Parti Pirate sont un peu fraîches. Il y a quelques semaines, la ministre a lancé à l’attention de l’Allemande Julia Reda, seule eurodéputée Pirate, qu’elle n’est pas « le meilleur moyen de favoriser une réflexion sereine ».
« Nous avons été scotchés par cette déclaration qui veut clairement dire que nous n’avons pas à intervenir sur ce sujet », réagit le porte-parole. « Dommage, car nous serions ravis de participer à une concertation ».
L’échec électoral des Européennes
Mais pour l’instant, la représentativité du parti fait défaut. Lors des dernières élections européennes, une seule eurodéputée au Parlement européen a été élue, en l’occurrence Julia Reda.
Pour Thomas Watanabe-Vermorel, cet échec électoral est le fruit d’un manque de visibilité médiatique verrouillé par la constitution de la Vème République. « Dans ce système, les partis politiques ont besoin d’argent sinon, ils ne peuvent avoir aucune existence. Nous retrouvons beaucoup de nos propos dans la société civile, mais ce succès ne se transforme pas lors des élections. C’est un cercle vicieux puisque les financements publics ne se font qu’en fonction du succès électoral. » Pour le moment, si le jeune parti attire la sympathie, il n’arrive toujours pas à transformer l’essai qui lui donnerait plus de représentativité. Y parviendra-t-il un jour ?
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