Outre-Rhin, le Parti pirate (Piraten Partei) semble s’imposer comme une force politique sur laquelle il faudrait désormais compter. Comme dans les régions de la Sarre, de Berlin et du Schleswig-Holstein, où les « pirates » ont déjà obtenu respectivement 4, 15 et 6 sièges de députés locaux, le Parti pirate (PP), lors des élections régionales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, vient de remporter 7,6 % des suffrages. Pour rappel, le Parti pirate allemand s’inspire de son homologue suédois, premier parti pirate au monde, dont la politique vise essentiellement à protéger les droits et les libertés fondamentales, notamment dans le domaine du numérique.
Soit pas moins de vingt sièges à l’assemblée régionale ! Ce résultat a son importance, car cette région frontalière de la France est la plus peuplée du pays avec 18 millions d’habitants, soit 23 % environ de la population allemande.
Toutefois, ces résultats sont à nuancer, car l’alliance des verts (12 %) et des sociaux-démocrates du SPD (39 %) pourrait permettre à ces deux partis « majoritaires » par rapport à la droite de se passer d’un accord avec le Parti pirate. Ces résultats placent tout de même cette formation au cinquième rang de l’échiquier politique de la région. De par son nombre d’habitants, la région de Rhénanie du Nord-Westphalie fait par ailleurs office de lieu de répétition pour les élections nationales qui auront lieu dans dix-huit mois. Avec environ 11 % dans les sondages d’intention de vote, le Parti pirate se situe à la quatrième place, au coude à coude avec les écologistes.
C’est certainement en prévision de cette échéance que Bernd Schlömer a récemment été élu nouveau président du Parti pirate. Diplômé de criminologie et responsable de formation au ministère de la Défense, ce quadragénaire entré au Parti pirate en 2006 a peu de choses en commun avec la caricature du geek chevelu et barbu de la première heure. Son principal objectif est bien évidemment de renforcer la crédibilité du parti au niveau national.
En France, à quelques semaines des législatives, le Parti pirate hexagonal paraît quelque peu à la traîne par rapport à ses homologues européens. Il compte, par exemple, un peu plus de 200 membres alors le parti allemand en recense… 21 000 ! Autre chiffre marquant, d’après une étude réalisée par Mingle, seuls 12 % des Français seraient au courant de l’existence du Parti pirate français. Un manque de visibilité que sa constitution plus récente que son homologue allemand, l’absence d’un scrutin à la proportionnelle (comme outre-Rhin) ou encore le manque d’argent n’expliquent que partiellement. Maxime Rouquet, l’actuel coprésident du Parti pirate français, a récemment déclaré qu’une soixantaine de candidats pirates (dont une vingtaine en attente de confirmation) se présenteront au scrutin du mois de juin. Un nombre malheureusement encore inférieur aux 75 candidats requis pour pouvoir bénéficier d’un spot télévisé de trois minutes sur une chaîne publique.
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