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Le pari risqué de Serge Tchuruk avec Alcatel en Chine

Cette semaine, le PDG du groupe de télécoms inaugure à Shangai le siège de son activité dans la zone Asie-Pacifique. Mais la concurrence, internationale et locale, risque de rendre la vie dure à la nouvelle entité française.

“Quand la Chine s’éveillera…”, prophétisait Alain Peyrefitte en 1973, “… Alcatel y sera”, pourrait-on ajouter aujourd’hui, sans risque. Présent là-bas depuis 1983, le groupe de télécoms renforce, cette semaine, ses opérations dans la zone Asie-Pacifique. Il crée en effet Alcatel Shanghai Bell (ASB), détenu à parité avec les autorités chinoises. La nouvelle entité réunit toutes les activités d’Alcatel en Chine. Ce qui lui donne, d’emblée, un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards de dollars. Elle prend la forme juridique de Company Limited by Shares, inaugurée là-bas par Michelin et qui commence à succéder aux traditionnelles joint-ventures (Alcatel en avait créé ainsi dix-sept depuis 1983).Le groupe dirigé par Serge Tchuruk innove en faisant de Shanghai son siège dans la zone Asie-Pacifique. Jusqu’alors, les sociétés internationales préféraient Taïwan ou Tokyo. Il faut dire que la ville est l’une des zones les plus dynamiques de la région, avec un PIB de 4 500 dollars par habitant ?” cinq fois celui de la moyenne chinoise. Elle prévoit qu’il atteindra 16 000 dollars en 2015. De plus, son développement est fortement soutenu par le gouvernement chinois, auquel elle reverse 80 % de ses recettes fiscales, estimées à 20 milliards de dollars.ASB devient donc, dès sa naissance, un bébé joufflu du monde des télécoms, puisqu’il intervient dans à peu près tous ses segments de marché : commutateurs voix, haut débit, optique, espace, mobiles. Difficile d’avoir un catalogue plus complet. Et pour montrer son intention de développer ses capacités locales, ASB, déjà fort de six mille cinq cents personnes, annonce d’emblée qu’il portera à trois mille cinq cents, d’ici à 2005, son effectif de R&D.

D’autres fabricants internationaux très présents

L’ambition d’ASB est, évidemment, d’attaquer le marché chinois et asiatique, qui reste la zone la plus dynamique du monde dans ces domaines, mais aussi de devenir un grand acteur international. Toutefois, les obstacles ne vont pas manquer. D’abord, les autres fabricants internationaux sont également très présents en Chine. Ensuite, les télécoms chinois ?” clients privilégiés historiques d’Alcatel ?” viennent d’être éclatés par le gouvernement en six opérateurs, dont trois au moins sont des acteurs globaux. Par ailleurs, les plus gros concurrents d’ASB seront sans doute les équipementiers chinois eux-mêmes, qui pourraient avoir les faveurs du gouvernement : Huawei a ainsi annoncé pour 2001 un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de dollars avec, surtout, un bénéfice net de 578 millions de dollars. Enfin, de très gros nuages (outre celui de la pollution) pèsent toujours sur la sixième puissance économique mondiale. Même si sa croissance (officielle) est la plus forte du monde en 2002 (+ 7 %), elle doit faire face ?” en plus d’un chômage urbain élevé et d’un système bancaire au bord de la banqueroute ?” à plus de cent cinquante millions de ruraux sans emploi et à un développement très inégal entre les zones côtières et le centre du pays.

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Luc Fayard