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Le numéro un mondial de la photo amorce son virage internet

Kodak annonce un plan d’investissement de près de 7 milliards d’euros. Pour jouer la carte des services en ligne, il procède par croissance externe.

“Vous appuyez sur le bouton, nous faisons le reste.” Plus d’un siècle plus tard, le principe formulé en 1888 par George Eastman, le fondateur du groupe Eastman Kodak, a marqué le pas avec l’essor conjoint d’internet et de la photographie numérique. Après avoir appuyé sur le déclencheur, les premiers utilisateurs d’appareils photos numériques ont dû patienter avant de voir Kodak effectivement ” faire le reste “. Les nouveaux services tels que la retouche en ligne, ou le tirage papier de photos envoyées par internet, ont d’abord été l’apanage de start-up. Numéro 1 mondial de l’industrie photographique, devant le japonais Fuji, Kodak se positionne aujourd’hui sur ce marché de l'” info imaging “, soit la convergence entre l’image et les technologies de l’information.Le 2 mai 2001, Kodak a clarifié sa stratégie numérique. L’investissement programmé pour la période s’étalant de 2001 à 2005 se monte à 6 milliards de dollars (6,7 milliards d’euros). Quelques jours auparavant, le 30 avril 2001, la firme américaine avait affirmé son volontarisme en rachetant, pour un montant non dévoilé, la start-up californienne Ofoto, qui compte 1,2 million de clients. Tous bénéficient de services en ligne : le tirage papier de photos numériques, leur hébergement, et une palette d’outils d’édition.

Vers une période, plus favorable, de consolidation

Si plus de 8 millions de personnes ont utilisé ce type de services photographiques en ligne en 2000, dans le monde, ce rachat intervient à un moment difficile pour les start-up qui avaient investi le créneau dès la fin de 1998. Dans son dernier rapport publié le 1er mai, le cabinet Infotrends Research annonce une période de consolidation. L’analyste Lia Schubert prévoit que “les revenus tirés des services photographiques en ligne devraient augmenter à un rythme moyen annuel de 57 % jusqu’en 2006, mais à court terme, ce n’est pas assez pour faire vivre tous les acteurs dépendants de cette seule croissance” ?C’est donc avec un certain opportunisme que Kodak amorce son très attendu virage vers le numérique et internet. Comme ses concurrents, Kodak va devoir faire face, dans la décennie à venir à une totale restructuration de ses revenus. En effet, le passage de la photo traditionnelle, dite argentique, à la photo numérique n’est pas une simple évolution du métier d’origine de chimiste vers les hautes technologies. Comme l’explique un porte-parole du groupe en France, “les recettes de Kodak pouvaient jusque-là être réparties en trois types de famille : d’une part, les consommables, comme par exemple, les films, d’autre part les services, comme le développement, et enfin le matériel, l’appareil.” Avec l’avènement du numérique, la première catégorie devrait finalement disparaître, la seconde migrera sur internet, et la dernière catégorie fait déjà l’objet d’une grande concurrence entre les différentes entreprises de l’industrie photographique et de nouveaux venus, en provenance de l’électronique grand public et du secteur informatique.

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Maxime Rabiller