Les chiffres sont éloquents : selon Merrill Lynch, il s’est vendu l’an dernier près de 10 millions d’appareils photo numériques pour 32 millions d’appareils argentiques, c’est-à-dire traditionnels. Mais surtout, le premier marché a augmenté de près de 100 %, tandis que le second perdait pour sa part plus de 15 %. Cette révolution numérique a engendré la création de plusieurs dizaines de start-up centrées sur le tirage des photos (avec possibilité d’effectuer un choix et un recadrage en ligne avant le développement), la création d’albums photo sur internet, à partager avec sa famille, ou même le stockage de photographies déjà numérisées. Une étude menée par Infotrends auprès de 1 000 internautes américains a montré que 35 % d’entre eux avaient déjà visité l’album photo d’une connaissance sur le réseau. Du côté des actifs, 15 % des internautes interrogés avaient envoyé leurs photos sur un site spécialisé, mais seulement 4 % avaient commandé des tirages papier en ligne. Au final, le numérique n’a pas généré plus d’1 % du chiffre d’affaires de la photographie aux États-Unis l’année dernière…
Des modèles d’affaires encore flous
C’est là tout le paradoxe pour les nombreuses jeunes pousses qui se sont lancées sur le créneau de la photographie numérique. Le pur stockage de photos et la création d’albums génèrent des revenus publicitaires trop faibles pour assurer une subsistance à un site qui, dans tous les cas de figure, doit impérativement se faire connaître. Le développement des photos, qui promet des marges plus fortes, n’en est encore qu’à ses débuts. Ainsi, Photo Reflex ne développe guère que 15 000 photos par semaine. Même si la mise en place d’un laboratoire qui permette à la fois des développements argentiques et numériques ne coûte pas plus de 150 000 euros (1 million de francs), encore faut-il assurer le service clients, l’infrastructure réseau et gérer le manque à gagner. Car la possibilité de prévisualiser les photos avant tirage diminue le nombre de tirages effectifs. Et quand le développement du film est offert, le chiffre d’affaires généré par un client peut tomber d’un coup. Correctement financées avant l’e-krach, les start-up françaises se portent relativement bien pour l’instant.Mais on ne peut pas en dire autant des Américaines qui, comme Zing ou Snapfish, ont procédé à de lourds licenciements dans les derniers mois, ou qui se sont vendues comme Ofoto (financée à l’origine par Apple et Hewlett- Packard) reprise par… Kodak. Le numéro 1 du secteur s’est adjugé le million d’utilisateurs d’Ofoto avec l’intention de fusionner la start-up avec son propre service Print At Kodak. Et n’exclut pas d’installer Ofoto en Europe. Pour sa part, Fuji Film a développé un service identique depuis deux ans et Polaroïd, dont 25 % des ventes sont déjà réalisées dans le numérique aux États-Unis, réfléchit sérieusement au problème. Finalement, c’est peut-être sur le terrain du mobile que les start-up pourront à nouveau prendre de l’avance, puisqu’elles lorgnent déjà sur les portables-appareils photo qui apparaissent au Japon.
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