Première publication le 6 janvier 2010
Le « No Sarkozy Day » fait débat sur la Toile
Vingt-huit blogueurs s’opposent au « No Sarkozy Day », une journée d’action lancée sur le Web pour demander la démission du président de la République.
Dès la page d’accueil, le site donne le ton. « Nous appelons toutes celles et [tous] ceux qui veulent agir contre Nicolas Sarkozy et contre sa politique à se joindre à nous pour le No Sarkozy Day le 27 mars 2010. » Le collectif de blogueurs appelle les Français à manifester à Paris, à la Bastille, et partout en France pour obtenir la démission du président de la République.
En s’inspirant du « No Berlusconi Day » italien, les organisateurs de ce mouvement né sur Facebook veulent « sortir du cadre virtuel pour passer à une action concrète », expliquent-ils. Le chef d’orchestre du groupe affirme que le collectif n’est rattaché « à aucun syndicat ou parti politique, même si individuellement certains d’entre nous militent dans les partis de gauche, au Modem, etc. L’essentiel des membres n’est pas encarté ».
Une attaque contre la démocratie ?
Cette initiative fait aujourd’hui débat sur la Toile. Vingt-huit blogueurs, connus pourtant pour leurs idées antisarkozystes – certains collaborent à Marianne – viennent de publier une synthèse dans laquelle ils expliquent pourquoi ils ne soutiennent pas le mouvement.
Le principal reproche des signataires réside dans l’appel à la démission du président de la République. « Certes la France de Nicolas Sarkozy n’est pas une république irréprochable mais nous sommes attachés au principe démocratique. En tant que président de la République, il bénéficie de la légitimité des urnes », expliquent-ils dans leur déclaration commune. Un « No No Sarkozy Day », en quelque sorte.
« Nous ne sommes absolument pas contre les urnes. Il faut aller voter. Mais il est insupportable d’avoir à la tête du pays un Président qui bafoue les valeurs de la République, justifie l’organisateur du No Sarkozy Day. Il y a nécessité à se mobiliser dans la rue pour que le gouvernement change de braquet », répond l’organisateur du mouvement.
Pas d’alternative politique
Les vingt-huit signataires estiment aussi que le mouvement, sans cohérence politique, court à l’échec. « L’antisarkozysme primaire ne fera pas évoluer les mentalités, elle les confortera. Plutôt que de se focaliser sur l’homme, nous préférons nous concentrer sur le bilan désastreux de son action politique. Nous voulons bâtir une véritable alternative politique au sarkozysme qui soit à la fois construite et argumentée. »
Sur son blog, Marc Vasseur, ancien élu socialiste et signataire du No No Sarkozy Day ajoute : « Penser qu’on puisse se débarrasser en 2012 de Nicolas Sarkozy et de sa clique sur un néant oppositionnel avec comme seul ciment l’antisarkozysme relève pour moi du fantasme ». Car, le collectif No Sarkozy Day ne propose pas d’alternative politique. « Si jamais Nicolas Sarkozy démissionnait… nous ne sommes pas là pour organiser l’après », répondent-ils.
Plus que tout, les vingt-huit craignent « le risque d’une instrumentalisation et d’une récupération politique d’un futur fiasco existe… ». On se souvient des expériences précédentes. La faible mobilisation des anti-Hadopi le 25 avril 2009, ou encore le fiasco de bananarepublic.org le 22 octobre 2009. Devant un parterre de journalistes, seuls étaient présents quelques manifestants pour la candidature de Jean Sarkozy à l’Epad.
Le No Sarkozy Day espère faire mieux que ses prédécesseurs en s’appuyant sur un réseau local. En attendant, le débat se poursuit sur la Toile, jusque dans les forums des blogs.
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