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Le net français échappe à l’overdose de médicaments illicites

Dans son rapport annuel publié début mars, l’Organe international de contrôle des stupéfiants s’alarme de l’importance croissante du trafic de médicaments sur Internet. La France semble pour l’instant
épargnée par ce phénomène.

Hydrocodone, Diazépam, Alprazolam et même Ritalin, un stimulant de type amphétamine : voilà le type de médicaments qui seraient vendus, sans ordonnance, par des officines peu scrupuleuses ayant pignon sur Net.Dans son
dernier rapport en date, l’OICS, un établissement indépendant financé par l’Organisation des Nations Unies, note ‘ l’usage croissant qui est fait
d’Internet et du courrier dans les échanges illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, notamment aux fins de la contrebande de substances détournées des circuits locaux de distribution ‘
.Le rapport souligne en outre que ces commerçants visent trois types de clientèle ‘ vulnérables ‘ : des toxicomanes qui recourent à ces produits de substitution, des patients devenus dépendants lors d’un traitement,
et des personnes qui commandent sur Internet pour s’éviter la consultation d’un médecin.Les risques médicaux encourus par ces personnes sont grands, puisque, selon Swissmedic, l’Institut suisse des produits thérapeutiques, les produits vendus par Internet contiendraient des substances contrefaites ou périmées, ou encore
leurs descriptifs seraient faux ou partiels, omettant d’en préciser les effets secondaires et les contre-indications.

Des États en train de se mobiliser

Afin d’endiguer ce phénomène, les États-Unis et la Suisse préparent un projet de résolution à l’intention de la Commission des stupéfiants des Nations Unies, réunie depuis le 15 mars, à Vienne. ‘ Le
texte préparé par Washington et Berne préconise que tous les pays transposent dans leur droit national les dispositions en vigueur du droit international sur le commerce transfrontalier des stupéfiants et des substances psychotropes, et en
interdisent le commerce par Internet et la livraison aux particuliers ‘
, indique l’agence Associated Press dans une dépêche.En vertu des conventions de lONU, la vente de ces substances à l’international est normalement soumise à autorisation. Ce document de travail propose également que les instances compétentes des Nations Unies vérifient que la loi
est bien appliquée par les pays et prennent, le cas échéant, des mesures de rétorsion contre ceux qui omettraient de faire respecter la réglementation.

Des trafics difficiles à évaluer et à contrer

Interrogés sur la portée du phénomène en France, plusieurs organismes gouvernementaux et publics bottent en touche. ‘ Cela ne relève pas de notre compétence, il s’agit plus d’une violation de la
loi ‘,
déclare une responsable de la Délégation générale à la santé, un service dépendant du ministère des Affaires sociales.Même son de cloche à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui n’a pas d’informations précises sur le sujet, ou à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
(AFSSAPS), qui n’intervient que pour qualifier un produit de drogue ou pas.L’Ordre national des pharmaciens estime également que cette pratique échappe à son domaine de compétences. ‘ Nous n’avons pas les moyens de faire une analyse du phénomène et de son
ampleur
, déclare un porte-parole de l’Ordre. Mais nous ne pouvons que condamner ce type de pratiques qui présentent des risques pour la santé publique ! Et, bien évidemment, nous n’avons eu aucune information
comme quoi des officines installées en France se prêteraient à de tels agissements. ‘
Qu’en est-il alors du côté des Douanes, chargées du contrôle et de la répression des trafics internationaux transitant par nos frontières ? ‘ Pour les expéditions émanant de sites Web, nous procédons à
deux types de contrôle : les premiers, sous la forme d’une veille des sites expéditeurs a priori suspects ; le second, par le contrôle des colis postaux ou acheminés par fret express
, précise un responsable du service de
presse. À ce jour, s’il y a eu quelques saisies de médicaments placés sous contrôle médical achetés illicitement via Internet, de la DHEA [déhydroépiandrostérone ou pilule de jouvence, NDLR] par exemple, nous
n’avons pas encore mis la main sur des psychotropes ou des stupéfiants. Mais cela ne veut pas dire qu’un tel trafic n’existe pas. ‘
La répression de tels trafics restera donc complexe, du fait de la multiplicité des législations en vigueur dans les différents pays concernés, mais aussi du nombre de lettres et de colis internationaux acheminés quotidiennement.

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Laurent Campagnolle