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Le Munci, un collectif pour défendre l’emploi dans les services informatiques

Cette nouvelle organisation entend fédérer les trois cent mille salariés de SSII et les consultants indépendants. Premiers combats : les menaces du offshore et les licenciements abusifs en SSII.

Le
Munci, Mouvement pour une union nationale des consultants en informatique, place la barre très haut. Il ambitionne de devenir, à terme, le premier syndicat professionnel des consultants et prestataires
informatiques en France. Si les grandes corporations ont leur organisation professionnelle ?” l’Ordre des médecins ou l’Association professionnelle des magistrats ?”, il manque effectivement, dans le domaine des
services informatiques, un collectif regroupant les quelque trois cent mille salariés de SSII, indépendants, intérimaires ou demandeurs d’emploi.Né à l’été 2002 autour d’un noyau d’une quinzaine de professionnels, le Munci a véritablement pris son envol en ce début d’année. Le mouvement déclare déjà plus de trois cent cinquante soutiens, à raison
d’environ cinq contacts Internet quotidiens. Association de type loi 1901, le Munci devrait, dans les prochaines semaines, se constituer en organisation professionnelle avec l’élection d’un conseil d’administration et
d’un bureau.

L’offshore, ‘ concurrence sauvage et déloyale ‘

Le Munci a toutefois approché les principaux syndicats de la branche ?” le Betor-Pub (CFDT), le Fieci (CFE-CGC), la Fédération CGT des sociétés d’études. Il ne s’interdit pas de mener avec l’un ou
l’autre des actions communes (lobbying, manifestations, pétitions, etc.), auprès des pouvoirs publics, du Syntec ou du Cigref.Le Munci a d’ores et déjà identifié deux sujets prioritaires : la multiplication des
licenciements abusifs dans les SSII ?” harcèlement, démissions forcées, etc. ?” et la délocalisation des services informatiques dans des pays à faible coût de
développement (Inde, Roumanie, Russie…). Faute d’études précises sur le poids réel de l’offshore programming dans l’Hexagone, qui représenterait moins de 5 %
des contrats de prestations informatiques, contre 30 à 40 % aux Etats-Unis, le Munci se veut volontairement alarmiste.‘ Depuis près d’un an, les recours au offshore se multiplient en France, alors que le marché de l’emploi est au plus bas ‘, juge le porte-parole du mouvement. L’offshore
représente ‘ une concurrence sauvage et déloyale ‘ pour les informaticiens français, qu’il convient d’encadrer. D’autant qu’elle touche en premier les jeunes diplômés, qui font déjà les frais de
la crise

Favoriser le statut d’indépendant

Entre autres préconisations, le mouvement propose de faire interdire le recours à l’offshore dans les directions informatiques des administrations et entreprises publiques, d’alerter l’Inspection du travail dans les
cas de délits de marchandage ou de prêt illicite de main-d’?”uvre, ou de délivrer des permis de travail aux seules qualifications inexistantes sur le marché du travail intérieur. Pour ne pas être taxé de
‘ protectionnisme ‘, le Munci rappelle que l’Administration anglaise a récemment retiré la mention ‘ pénurie ‘ sur les métiers informatiques afin de sauvegarder les emplois
nationaux.Pour répondre aux arguments des tenants de la délocalisation ?” réduction des coûts, flexibilité accrue… ?”, le Munci veut, parallèlement, promouvoir les vertus de l’indépendance et du portage
salarial. Le free-lance constituant, par ailleurs, un moyen de contourner les SSII, actuellement sur la sellette pour leur piètre gestion des ressources humaines. Pour réussir dans un secteur de la prestation informatique où les syndicats
‘ traditionnels ‘ peinent à percer, le nouvel organisme devra vaincre l’individualisme reconnu des ingénieurs informaticiens et leur réticence naturelle à l’égard de l’action syndicale.

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Xavier Biseul