On connaissait le bas débit, l’internet par la ligne téléphonique en général facturé à la durée. On connaissait aussi le haut débit, la connexion rapide et permanente, tout d’abord amenée par le câble puis, depuis l’année dernière, par l’ADSL. L’événement de la rentrée sera donc certainement l’arrivée du “moyen débit “. Derrière ce terme peu commercial ?” et que peu de fournisseurs d’accès à internet comptent utiliser ?” se cache une nouvelle offre d’accès qui sera généralisée à partir du 15 octobre sur le câble et sur l’ADSL, via une ligne téléphonique. Pourquoi l’appeler “moyen débit” ? Simplement parce qu’elle propose une connexion à 128 kilobits par seconde (kbit/s), soit quatre fois moins rapide que celle d’une ligne ADSL classique à 512 kbit/s. Mais elle permet toujours de surfer sans se soucier de la durée de connexion et en laissant la ligne téléphonique libre.Le 15 octobre donc, l’ensemble des fournisseurs d’accès comptent bien se jeter sur ce nouveau service. “Le ressenti général est qu’un prix attractif pour un moyen débit semble à même de relancer le marché. Ce sera donc l’événement de la rentrée”, affirme Jean-Christophe Le Toquin, délégué permanent de l’AFA, l’association des fournisseurs d’accès. Les FAI estiment en effet que le marché de l’ADSL haut débit, commercialisé 45 euros par mois hors promotion, va rapidement arriver à saturation. Si bien que Wanadoo (France Telecom) pourrait dévoiler son offre avant la fin du mois, suivi en embuscade par Club-Internet (T-Online France), Tiscali et AOL. En parallèle, sur le câble, Noos a frappé le premier, fin août, avec une offre à 128 kbit/s pour 30 euros.
La guerre des prix relancée
Si tous les fournisseurs d’accès misent sur le moyen débit, c’est qu’ils sont sûrs de pouvoir proposer des tarifs plus abordables. Alors que la hache de la guerre des prix avait été enterrée en 2001 à la suite de l’épuisement financier général, la concurrence pourrait repartir de plus belle. Car l’offre d’ADSL à 128 kbit/s sera sûrement commercialisée entre 30 et 35 euros, ce qui devrait permettre de toucher un marché plus important. Mais le moyen débit devrait également cannibaliser une partie du marché de l’accès à internet classique à bas débit. “Il sera en concurrence avec le bas débit illimité. Celui-ci ne tient pas ses promesses. Il s’agit en fait d’une hausse de prix déguisée car les internautes ne surfent pas beaucoup plus et paient bien plus cher. Nous estimons que le 128 kbit/s attirera à 80 % des gens qui surfent longtemps en bas débit et 20 % de personnes qui veulent de la vitesse”, explique Marie-Christine Levet, PDG de Club-Internet. Raisonnement identique chez Tiscali France, qui dispose d’une offre de bas débit illimité : “Il y a aura une cannibalisation avec le bas débit. Mais la rentabilité de l’ADSL moyen débit sera au moins égale à celle du bas débit”, précise Eric Denoyer, directeur général de Tiscali France. Quant à AOL, qui a développé toute sa stratégie sur le bas débit illimité, en lançant une offre à 25 euros, spot TV à l’appui, il pourrait bien faire les frais de cette nouvelle connexion.L’argument commercial des promoteurs du moyen débit résidera sur le fait que la ligne téléphonique reste libre et que le client évite d’ouvrir une deuxième ligne à 6,5 euros par mois. Le calcul est donc simple : le moyen débit illimité à 30 euros par mois est moins cher qu’une offre de bas débit illimité à 25 euros plus une deuxième ligne téléphonique à 6,5 euros.“AOL est agnostique lorsque l’on parle de technologie ou de moyen d’accès. Nous n’avons pas la religion du bas débit. L’essentiel pour nous est de proposer de l’internet illimité. Nous essayerons donc d’être prêts dès le 15 octobre”, indique Alexander Kramer, directeur de la stratégie et des nouveaux produits d’AOL France. Mais il regrette pourtant que “l’offre d’internet à 128 kbit/s reste chère par rapport au 512 kbit/s “.Le lancement du moyen débit participe aussi d’une stratégie d’initiation de l’internaute. Les fournisseurs d’accès vont développer un service d’entrée de gamme susceptible de faire découvrir l’ADSL à plus de clients, quitte à les faire monter en gamme ensuite. Et tous lorgnent sur le plan mis en place par Patrick Leleu, PDG de Noos. “Nous bénéficions d’un effet de gamme avec une offre qui va de 64 kbit/s à 1024 kbit/s qui permet au consommateur de passer rapidement de l’un à l’autre”, explique Jacques Guerreau, directeur marketing et commercial de Noos. Et la stratégie a porté : “Environ 50 % des personnes ayant souscrit à une offre Primo [64 kbit/s, ndlr] sont passées sur le haut débit à 512 kbit/s et 20 % ont pris du 128 kbit/s”, poursuit Jacques Guerreau. Toutefois, sur l’ADSL, le passage d’une offre 128 kbit/s à une offre 512 kbit/s n’est pas formalisé. “Les modalités administratives sont en discussion avec France Telecom. Pour l’instant, nous serions obligés de résilier la ligne et de la rouvrir dans la foulée”, raille Eric Denoyer, directeur général de Tiscali France.
La couverture ADSL étendue
Enfin, le moyen débit devrait aussi permettre d’étendre la couverture géographique de l’ADSL. Les liaisons à 128 kbit/s devrait normalement être accessible depuis des foyers privés jusque-là de haut débit parce que trop éloignés de leur central téléphonique. “France Telecom ne nous a pas encore apporté de réponse très précise sur cette question, précise Eric Denoyer. J’ai l’impression que ce sera exactement le même parc que pour l’ADSL 512 kbit/s au démarrage de l’offre. Mais après, théoriquement, on devrait toucher plus de personnes.”
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