La grande question qui préoccupe en ce moment les Américains est : “Oui ou non, va-t-on entrer en phase de récession ?” Je vous rassure – si l’on peut dire -, personne n’est d’accord sur la réponse. Pour certains analystes, l’Amérique a mangé son pain noir, et l’économie va repartir. Pour d’autres, on n’a encore rien vu des vraies catastrophes ! Les premiers conseillent d’acheter à tour de bras des actions qui sont à leur minimum historique. Les autres, évidemment, préconisent de ne rien faire.En réalité, ce qui inquiète le plus les experts outre-Atlantique, c’est moins les chiffres de tel ou tel secteur, où l’on peut trouver à boire et à manger, que le seul indice de la confiance des consommateurs, qui, lui, est en chute libre régulière depuis plus d’un an. Même si, pendant ce temps, les ventes de détail continuent d’augmenter, même si le chômage reste bas, rien n’y fait. Les consommateurs américains disent qu’ils n’y croient plus. La santé de l’économie serait donc de plus en plus tirée par des phénomènes irrationnels. C’est, en quelque sorte, le gouvernement par l’humeur du peuple. Cette distorsion entre la réalité et la façon dont elle est perçue est assez déroutante. Appliquée à la France, on pourrait en tirer des conclusions paradoxales : si les ménages ont confiance, c’est que, en fait, ça va mal ! Grosso modo, les 35 heures et la RTT ont redonné le moral aux salariés, qui trouvent que, finalement, la vie au travail vaut la peine d’être vécue, tandis que les dirigeants s’arrachent les cheveux en se demandant comment tout ça va finir, les rares patrons qui se frottent les mains étant ceux du secteur des loisirs, en plein boom !Bref, le seul métier qui n’a pas d’avenir est celui qui prédit lavenir. Car il faut désormais naviguer entre deux réalités extrêmement volatiles : les cours de Bourse et la sensibilité des consommateurs. Avec, comme résultat désormais admis unanimement, la réduction à quelques mois de toute visibilité économique et financière. Pas facile de bâtir des stratégies dans ces conditions !
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