Ils y passent tous. Ceux qui ont fait Canal Plus : ses dirigeants, les politiques, ses petites mains et les hâbleurs. Les héros de cette chaîne star, née en 1984, sont croqués avec humour, mais sans complaisance, par Valérie Lecasble, journaliste férue d’investigation. Par petites touches, et sans roulement de tambour, on apprend ainsi que Pierre Dauzier, l’ancien PDG de l’ex-société Havas, aurait touché 7,62 millions d’euros (50 millions de francs) lorsqu’il fut contraint de quitter ce fleuron de la communication. On suit avec passion les efforts d’André Rousselet, appelé avec componction ” Le Président “, pour sauver la chaîne d’un complot médiatico-politique. On sourit à l’évocation d’un prêt accordé par Jean-Charles Naouri, alors directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy et ” Zorro de l’affaire “. On sourit encore sur les relations d’amour/haine, qui colorent les relations du PAF, telles celles des frères ennemis Elkabbach- Le Lay, réconciliés pour lancer TPS.Et, nous dit-on, pour échapper du même coup à des affaires qui empoisonnent leurs rapports avec les journalistes. Mais il y a également plus corsé. Comme la description du rôle joué par Gilles Kaehlin, responsable de la sécurité de la chaîne :“Il peut mettre son nez partout, exiger toutes les informations qu’il souhaite. En France et à l’étranger. Il ne va pas s’en priver”. Valérie Lecasble observe également le départ des fondateurs de Canal Plus, discrètement et sans gloire. Sous l’impulsion de Pierre Lescure, elle décrit comment la bande de copains se dissout progressivement dans l’Ebitda. Le portrait de l’actuel patron du Groupe Canal Plus en sort certes un peu écorné, mais finalement grandi par les déchirures qu’il laisse paraître. Le roman de Canal +, l’histoire de la chaîne vedette des années 1980-1990, se lit avec autant de plaisir que l’on pouvait en prendre à regarder les Guignols lors des dernières élections présidentielles. Au final, quel- que 341 pages d’histoires et déjà un peu d’Histoire.
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