Dans les SSII, patrons comme employés sont satisfaits des 35 heures. C’est ce que révèle un sondage d’opinion CSA commandé par les syndicats signataires de l’accord sur la réduction du temps de travail dans la branche ‘
Études, conseil, informatique, ingénierie ‘. Soit, côté patronal, le Syntec et le CICP, et, côté salariés, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Un satisfecit qui compte toutefois quelques zones d’ombre.A première vue, tout va bien. 81 % des salariés se déclarent contents de l’organisation du temps de travail sur l’année, contre 62 % des employeurs. Elle aurait même eu un impact positif sur la motivation au
travail de 82 % des sondés salariés, et sur leur efficacité pour 79 % d’entre eux.Mais d’autres conséquences sont moins appréciées. Par exemple, si 58 % des sondés ne constatent pas de surcharge, 38 % déclarent qu’elle a augmenté leur stress. ‘ La charge de travail
n’ayant pas diminué depuis les 35 heures, les salariés du secteur travaillent toujours autant, voire plus, mais sur un laps de temps plus court et avec dix à quinze jours de RTT pour compenser ‘, analyse
Guy Schaeffer, directeur de la politique sociale et de la formation du Syntec.
33 % des entreprises n’appliquent pas encore l’accord sur la RTT
Par ailleurs, près de un employé sur deux se plaint de l’effet des 35 heures sur sa rémunération. ‘ Les minima conventionnels n’ont pas été révisés depuis 2000 et
les salaires ont été gelés,
de façon explicite ou implicite, dans les entreprises ‘, se plaint Jean-Michel Rousseau, trésorier du syndicat
Betor-Pub CFDT. La crise économique qui a suivi a également sa part de responsabilité.Autre point noir : la formation. 61 % des salariés n’ont bénéficié d’aucun cours supplémentaire leur permettant d’améliorer leurs compétences, alors même qu’ils devaient être pris sur leur quota de jours de RTT.
‘ Ça n’est pas une surprise pour nous, car la formation est un vrai souci dans cette branche, avec un
manque cruel de gestion prévisionnelle
à long terme ‘, déplore Noël Lechat, secrétaire général de la fédération CGT des sociétés d’études.La réforme de la formation professionnelle (qui fait suite à la loi adoptée le 4 mai) va d’ailleurs ramener tous les partenaires sociaux autour de la table pour de longues et complexes négociations.Le sondage a aussi révélé un fait surprenant : 33 % des 60 000 entreprises de la branche n’appliquent pas l’accord de réduction du temps de travail, pourtant obligatoire. Une partie applique un accord
d’entreprise, jugé plus favorable. Les autres, qui n’en appliquent aucun, nagent dans la plus parfaite illégalité, mais ne semblent toutefois pas vouloir y rester.‘ Depuis mai, il y a une recrudescence d’entreprises qui nous contactent pour appliquer les 35 heures. Je ne l’explique pas. Le discours actuel va pourtant contre cette
idée ‘, s’étonne Guy Schaeffer.Ce n’est pas la seule conclusion à contre-courant qu’amène le sondage. Alors que les entreprises de services vendent du temps, 26 % des salariés déclarent que leur temps de travail n’est pas mesuré. Et
16,5 % remplissent leur feuille d’emploi du temps en fonction des heures qu’ils sont censés passer à travailler et non de celles réellement effectuées. Cela revient à dire que le temps de travail de près de un informaticien sur deux est
une inconnue.Ce que ne manque pas dutiliser Jean-Michel Rousseau : ‘ Le slogan gouvernemental actuel “Travailler plus pour gagner plus” n’a aucun sens dans cette branche, car cela supposerait que le
temps de travail soit effectivement mesuré, et les heures supplémentaires payées. ‘
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