Ce n’est pas tous les jours que Netflix France accorde une interview pour répondre à des questions de l’ordre de son business. Les doutes autour du retrait de son offre Essentiel la moins chère l’ont pourtant poussé à prendre la parole et tenter de rassurer : non, il n’est pas prévu de supprimer en France ce plan qui permet à de nombreux abonnés de la plateforme de streaming de regarder des séries à moindre coût. Mais il y aura, dans tous les cas, du changement.
Arrivée en novembre l’année dernière, la formule la moins chère pour un abonnement Netflix n’a pas su faire sa place sur le marché canadien, où elle vient d’être supprimée. Pour de nombreux marchés, y compris en France, beaucoup craignaient une décision semblable. Six mois après son lancement dans le monde, l’offre est loin d’être aussi bien représentée que les autres plans, avec 5 millions d’utilisateurs actifs par mois en mai dernier, et parmi eux beaucoup de jeunes.
Pour abaisser les prix, l’offre Essentiel avec publicité à 5,99 euros par mois se distingue donc par ses pubs, de 4 à 5 minutes de coupure par heure de visionnement. Du côté de la qualité de l’image, l’offre la moins chère des abonnements Netflix se limite à du SD (720p). Un seul écran peut lire du contenu à la fois, il n’est donc pas possible d’être plusieurs sur un compte Netflix Essentiel avec pub (préférer l’abonnement Standard).
Netflix France a accepté une interview du Parisien, et en profitait pour citer l’exemple du plan gratuit à son abonnement au Kenya, pour parler de ces spécificités locales dans la politique tarifaire de Netflix. « Les changements qui concernent un pays ne préfigurent pas forcément un changement pour tout le monde », expliquait un porte-parole de Netflix. En tout, la plateforme de streaming recense plus de 232,5 millions d’abonnés au total dans le monde.
L’offre Essentiel avec publicité n’est pourtant pas spécifique à une zone géographique ou à un marché alors qu’elle débarquait dans 12 pays le jour de son lancement (dont les États-Unis, le Japon et la France). Il faut dire qu’à l’époque, son intérêt était de contrecarrer une baisse historique du nombre d’abonnés de la plateforme. Avec Disney et Apple soudés, Amazon menant une politique agressive et trouvant des programmes à succès, le moindre temps mort dans la croissance de Netflix est vu comme le début de la fin.
Nouveau format de publicité
Les doutes pour la suite de l’abonnement avec publicité cachent pourtant un projet dans lequel Netflix est fortement investi, et qui concerne d’ailleurs son offre la moins chère. Tout récemment, le Financial Times a dévoilé que Netflix travaillait sur une nouvelle technologie pour produire des formats de publicité nouveaux. Ces derniers seraient ciblés (et donc personnalisés en fonction de chaque utilisateur) et avec un concept épisodique. Comprenez par là qu’ils prendraient la forme de contenus en plusieurs parties, comme les épisodes d’une série.
Le média américain expliquait que le président de la publicité Jeremi Gorman et le Directeur général de Netflix Greg Peters auraient profité du Festival de Cannes en France en mai dernier pour faire le tour des annonceurs et leur évoquer le projet, et signer les premiers contrats. L’occasion de négocier plus de temps de diffusion de leurs publicités aux abonnés Netflix les plus pertinents, sans devoir leur montrer la même publicité plusieurs fois au risque de les ennuyer. Ce projet serait gros, tant il impliquerait que Netflix se détache de son partenaire historique pour ses publicités : Microsoft.
« Le plan pour Netflix était juste d’arriver rapidement sur le marché l’année dernière (avec l’offre d’abonnement avec publicité ndlr). Le format actuel n’était pas le format final. Ils vont être très créatifs. Il va y avoir une meilleure expérience, une expérience différente de celle actuelle », expliquait au Financial Times un responsable marketing à Hollywood, au courant du projet pour l’offre à bas prix Netflix. « Les marques sont extrêmement désireuses d’être associées au contenu de Netflix. Elles veulent de l’innovation autour du format, des partenariats beaucoup plus stratégiques », ajoutait-il.
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