Qu’en est-il de l’élévation du niveau de la mer, de l’état de la végétation ou de l’ampleur des cultures ? Comment ces dernières évoluent-elles en dix ans ? Autant de questions auxquelles l’imagerie satellitaire tente de répondre. Des réponses pour l’instant parcellaires, et circonscrites à des zones géographiques extrêmement réduites. C’est pour élargir cette vue numérique de la Terre que M-Sat – un chiffre d’affaires de 25 millions de francs réalisé en 1999 et un effectif de vingt personnes -, basée à Clermont-Ferrand, tente d’en réaliser le premier modèle numérique au monde. Soit l’assemblage de sept mille images numérisées plaquées sur un géoïde, le modèle géométrique de notre planète vue comme une orange aplatie. “Nous recevons sur CD-ROM des images satellitaires brutes, d’un coût très élevé (jusqu’à 25 000 francs pièce) auprès de Spot 4, de Landsat 5, ou de l’agence spatiale russe Sovinformsputnik, explique Laurent Masselot, président du directoire de M-Sat. Nous les traitons dans l’objectif de ne réaliser qu’une seule immense image numérique de la Terre.” L’intérêt ? Embrasser d’un seul coup d’?”il la planète tout entière, ou zoomer sur n’importe quel continent ou région du globe.
Mais parvenir à ce stade impose un processus qui n’a rien de trivial. Les morceaux de territoire numérisés sont partiellement sphériques. Or, pour les coller les uns aux autres, l’image doit être plane. Il faut donc transformer les fichiers à partir de cartes qui ont la même projection. Une opération de calage titanesque. Chaque portion de territoire pèse en effet 100 Mo. Soit, au résultat, 45 Go d’un seul tenant à manipuler pour les Etats-Unis.
Le tour de la terre en quelques clics de souris
Au total, le modèle de la Terre vue du satellite, à savoir les terres émergées (30 % de la surface du globe) pèsera 10 To. Impossible, pour la PME, de parvenir seule à un tel résultat. M-Sat décide alors de monter un projet de recherche européen, Eurêka-Planet 2000, avec un éditeur de logiciels belge, Ionic Software, et le LST (laboratoire des sciences de la Terre) de l’Ecole normale supérieure de Lyon. Ce dernier a démontré en juillet dernier la faisabilité d’un procédé d’automatisation de l’assemblage des images.
Reste à développer un procédé de navigation. Chaque pixel du modèle est alors ” géoréférencé “, et l’internaute navigue comme s’il était aux commandes d’un satellite d’observation : il zoome sur la région de son choix et obtient une image téléchargeable ou livrée par la poste. “Nous préparons des partenariats avec les médias pour les sujets chauds. Par exemple, s’il y avait un tremblement de terre à Taïwan, les médias pourraient reconstituer des clichés comme s’il s’agissait de vues d’avion, en y ajoutant des données en coupe, comme les failles architectoniques, explique Laurent Masselot. C’est une nouvelle manière de préimager des événements avant d’envoyer des reporters.” Bonne nouvelle : tout le monde pourra voler au-dessus de la Terre sans rien payer. Sauf lorsqu’on commande une photo.
Autres développements, les jeux vidéo, avec la constitution d’un monde parallèle virtuel. “Les internautes achèteront un morceau de Terre virtuelle unique de 10 kilomètres sur 10 et recevront un certificat de propriété visible sur internet. Il y aura donc une conservation des hypothèques, c’est-à-dire la garantie d’être le seul à développer une communauté à cet endroit-là”, rêve déjà le président du directoire, qui espère y développer un monde meilleur. . .
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