Mercredi 14 mars dernier, Nouvo. com est placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Le site gratuit de télévision sur le web a été lâché par ses investisseurs, et il n’a pas réussi à en convaincre de nouveaux. “Nous payons les pots cassés de l’e-krach “, estime Eric Clin, l’un des fondateurs de Nouvo. com. La web TV, détentrice de cinq cents programmes destinés au 25-35 ans, a maintenant jusqu’à la mi-avril pour trouver un repreneur. Sinon, ce sera la liquidation. Décidément, le modèle économique des télévisions sur le net, qui repose sur une rémunération par la publicité ou l’abonnement, ne fonctionne pas. Contrairement à certaines de leurs cousines installées sur le réseau hertzien ou le câble.Déjà, en septembre 2000, le pionnier du concept de diffusion de chaîne ultrathématique sur internet, l’Américain Pseudo. com, avait fermé ses portes, alors que son site existait depuis 1994. Aux Etats-Unis, l’arrêt de cette web TV intervenait après la faillite de deux autres victimes emblématiques, FastTV. com et Den. com.Ces fermetures en chaîne font craindre que l’épidémie ne gagne la France. Et ce d’autant plus que les autres web TV hexagonales ne se portent pas beaucoup mieux. Ainsi, Canal Web, en difficulté sur son modèle actuel de diffusion gratuit équilibré par la publicité, réfléchit même à faire payer certains de ses programmes. Clicvision vient de licencier la quasi-totalité de son effectif.
Les programmes coûtent six fois moins cher
Lancé en mai dernier, Nouvo. com avait levé 12 millions de francs auprès du groupe de presse Emap et de business-angels (Christophe Sapet, PDG d’Infonie et cofondateur d’Infogrames, Frédéric Pie, PDG d’Agency. com, Patrick Robin, PDG d’Imaginet), alors que sa grande s?”ur Canal Web avait bénéficié de 130 millions de francs. Le contenu des programmes n’est pas mis en cause. Plutôt créatif et novateur, un sitcom de Nouvo a même été primé au Narrowcast Content Award comme meilleur programme de divertissement. “Dans le domaine d’internet, de nombreux sites font actuellement faillite, car les investisseurs sont devenus frileux. Nouvo arrive au pire moment pour trouver des fonds “, observe Jacques Rosselin, le fondateur de Canal Web. Même si les programmes coûtent six fois moins cher que pour une télévision normale, les investisseurs jugent que la rentabilité tarde à venir. Canal Web pense réaliser des profits dans environ quatre ans. “En tout cas, nous serons rentables avant TPS et CanalSat ! “, assure Jacques Rosselin. A noter que l’économie de ces chaînes diffusées sur le câble repose à la fois sur un revenu publicitaire et sur l’abonnement des téléspectateurs. Sur internet, le modèle du paiement par l’internaute n’est pas encore accepté – prix de la connexion oblige.Autre responsable désigné : les connexions à haut débit sont encore trop rares. Ce type d’accès est nécessaire aux internautes pour obtenir une qualité d’image acceptable. Mais il ne concerne qu’environ trois cent mille personnes en France, limitant d’autant l’audience potentielle. Cependant, tout espoir n’est pas perdu. Pseudo. com vient tout juste d’être racheté par INTV, et il devrait relancer ses émissions à l’automne 2001, après plus d’un an d’inactivité.
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