Baptisée I-Minitel, une nouvelle norme multiplie la vitesse du Minitel par… 47 ! Une métamorphose réservée aux possesseurs d’un ordinateur et d’un modem, mais pas aux seuls abonnés d’Internet. Et comme sur Minitel, le temps c’est de l’argent, quand ça décoiffe, on fait des économies.
Au lieu du laborieux balayage habituel, la page de l’annuaire Minitel s’affiche instantanément. Même en tapant à bonne vitesse, les nom, prénom et adresse s’écrivent dans leurs rubriques respectives sans aucun délai, à croire qu’on utilise un traitement de texte. Un simple appui sur la touche Envoi, et la page de résultats appara”t d’un seul coup. L’avantage du I-Minitel saute immédiatement aux yeux : cela va – beaucoup – plus vite. Mais ne cherchez pas ce “super Minitel” dans les agences France Télécom : physiquement, il n’existe pas. Il s’agit en fait d’une nouvelle norme, mise en ?”uvre par un logiciel installé sur un PC ou un Mac, qui appelle les services Minitel en passant par une connexion de type Internet. La méthode peut vous para”tre curieuse, mais elle permet un débit proche de 56 000 bits par seconde, voire 64 000 avec une liaison Numéris, une vitesse parfois atteinte sur Internet mais supersonique pour un Minitel, bridé depuis vingt ans à la ” vitesse” de 1200 bits/seconde. Et encore, cette allure de char à b?”ufs n’est-elle disponible qu’en réception : il est inutile de taper vite sur le clavier car, dans l’autre sens, le débit dégringole à 75 bits/seconde.
Le Minitel ne veut pas décrocher
Simuler un Minitel sur un ordinateur n’est pas une vraie nouveauté – de nombreux logiciels de communication en sont capables depuis longtemps, apportant plusieurs améliorations comme la couleur, l’utilisation de la souris ou la mémorisation des pages. Mais, côté vitesse, un micro et son logiciel ne faisaient pas mieux qu’un Minitel ordinaire. La formule a pourtant connu un franc succès : selon France Télécom, sur les neuf millions de terminaux Minitel, un sur trois est en fait un ordinateur. Malgré ces performances d’un autre âge, le service Minitel résiste en effet gaillardement à la déferlante Internet, avec une moyenne de 150 millions d’appels par mois en 1999. France Télécom a donc décidé de lui redonner une nouvelle jeunesse en ouvrant un accès ultrarapide au petit monde des fournisseurs de services Minitel (7 000 sociétés, tout de même). A la demi-douzaine de numéros Minitel, France Télécom en a ajouté un nouveau, le 3622, accessible uniquement par une liaison IP (protocole de transmission utilisé par Internet) et donnant accès à tous les services Minitel existants. Du coup, le I-Minitel présente l’avantage d’un accès unique. Il n’est plus nécessaire de savoir si le service voulu se trouve sur le 3615, le 3617 ou un autre numéro, l’ordinateur composera le 3622 et la passerelle cherchera elle-même le service.
Des logiciels téléchargeables
Mais les prix, bien sûr, restent les mêmes que ceux du Minitel. Pour les utilisateurs du poste classique, cette innovation ne change rien et le nouveau 3622 leur est inaccessible. Le Minitel nouvelle formule est donc réservé aux possesseurs d’un ordinateur et d’un modem (mais la connexion à Internet n’est pas nécessaire), qui n’auront qu’à acquérir un logiciel estampillé I-Minitel. Plusieurs modèles existent déjà, qui ne sont en fait que de nouvelles versions de logiciels de communication existants. Sur un site spécialisé ( www.minitel.net ), plusieurs sont téléchargeables, pour PC, pour Macintosh et pour ordinateurs connectés en réseaux locaux. Sur les quatre logiciels destinés aux ordinateurs personnels, deux sont gratuits (un pour PC et un pour Mac, signé France Télécom), un est en shareware et le dernier est une version de démonstration valable un mois.
Le nouvel essor du Minitel
Début novembre, un CD-Rom contenant ces logiciels devrait être disponible dans chaque agence France Télécom. Mieux encore : des logiciels I-Minitel sont ou seront préinstallés dans des ordinateurs neufs chez plusieurs constructeurs. Tous les Presario de Compaq, par exemple, sont livrés depuis le mois de juillet avec un logiciel de ce genre, et les micros d’IBM le seront début 2001. Au passage, on remarque que France Télécom a beaucoup mûri depuis quelques années et sait maintenant s’appuyer sur les acteurs du marché plutôt que de faire cavalier seul. Ce n’est pas en effet la première tentative pour accélérer le Minitel, mais qui se souvient du ” Minitel à très grande vitesse ” (sic) lancé à l’automne 1994 et atteignant… 9 600 bits par seconde ? Ce coup d’accélérateur exigeait une nouvelle famille d’appareils et la modification des services, à l’heure même où les regards commençaient à se tourner vers Internet. Résultat : le Minitel TGV n’a pas survécu et aucun matériel n’a été construit. Cette fois, l’opération I-Minitel semble plutôt bien réussir. La preuve : le 3622 commence déjà à être saturé et France Télécom augmente actuellement le nombre de ” portes” vers ce service.