Impossible d’échapper à la révolution IP et à sa conséquence : l’ouverture totale des marchés et des organisations. Avec le développement de l’Internet mobile, le modèle qui consiste à ne vendre que ce que l’on produit et uniquement sous sa marque est remis en question. Exit donc le modèle propriétaire qui permettait une maîtrise verticale de la chaîne de valeur et une qualité de service clairement identifiée sous une seule marque.Dans l’univers d’Internet, les murs ne protègent plus, ils isolent au contraire. Les entreprises forteresses repliées sur elles-mêmes vont devoir évoluer pour répondre aux attentes de leurs clients. Avec l’arrivée de l’UMTS, en 2003, les acteurs de la téléphonie cellulaire devront ouvrir leur réseau au quatrième compétiteur et éventuellement à des opérateurs virtuels. Les plates-formes de services des opérateurs accueilleront leurs clients mais également des ISP et des portails tiers. Ils vont donc exercer simultanément trois métiers : opérateurs de réseau, de services et de portail.Est-ce un risque ou une bonne occasion ? À titre d’exemple, parmi les dix millions de clients que comptera Bouygues Telecom en 2003, plus de 70 % auront développé une forte fidélité à la qualité de service, à la marque et au portail 6e sens. Cette fidélité constituera un véritable ciment qui consolidera les trois métiers de l’entreprise.
Un enjeu stratégique majeur
Les portails mobiles sont la meilleure illustration de la nécessité d’un univers ouvert. Alors que 50 % des Français navigueront sur Internet en 2003, les portails vont devenir leur interface préférée avec leur opérateur. Pour mieux comprendre la place qu’ils vont occuper demain dans la vie quotidienne, imaginez que vous arriviez à Quimper en fin d’après-midi, sans programme particulier ni réservation d’hôtel. Votre portail mobile, grâce à la localisation automatique et en fonction de vos préférences, recensera instantanément les hôtels et restaurants recommandés par Le Guide du routard et vous permettra de réserver et de payer en toute sécurité.Dans trois ans – et c’est tout l’enjeu des réseaux mobiles à moyens et, surtout, à hauts débits -, l’Internet mobile sera ainsi devenu multimédia. La possibilité d’accéder, via un réseau hertzien, à des écrans de taille variée (téléphone ou ordinateur portable), la simplicité et l’instantanéité de l’Internet mobile feront de ce dernier le mode majoritaire de consultation du Web.Cette simplicité, les opérateurs devront la décliner sur leur portail pour des dizaines d’actes clés de la vie quotidienne. Des millions de Français choisiront alors de passer par eux pour faire leurs courses, jouer en ligne, communiquer avec leur communauté, s’informer ou gérer leur portefeuille boursier… En 2003, nous aurons des rendez-vous quotidiens avec notre portail, comme aujourd’hui avec notre émission de radio préférée.
Une montée en charge progressive
Lors d’une rencontre récente avec un équipementier, celui-ci faisait remarquer que, pour réussir dans l’Internet mobile, il était plus urgent de comprendre ce qui motivait des lycéennes japonaises à s’abonner par millions à un nouvel univers de services plutôt que de vouloir délivrer d’emblée la technologie la plus complexe. Le développement de l’Internet mobile, comme celui de la téléphonie mobile, reposera sur une segmentation fine du marché. La clientèle pionnière, forte utilisatrice de téléphone mobile et imprégnée d’Internet, n’est donc pas ciblée par les portails WAP-GSM.Ce sont au contraire les jeunes, qui ont fait le succès de l’I-mode au Japon (plus de 12 millions d’abonnés à ce jour), qui sont aujourd’hui visés par les portails mobiles. La clientèle professionnelle, en quête d’applications lourdes et de débits, est, elle-aussi, la cible des portails mobiles. La première phase du développement de l’Internet mobile ne correspond pas à leurs attentes. Les opérateurs leur proposeront une offre adaptée dans les prochains mois, à l’occasion du lancement du GPRS et de l’arrivée des premières applications de type localisation ou gestion d’agenda.
Vers un nouveau modèle économique
La création progressive de services multimédias en mobilité va générer un nouveau modèle économique pour les opérateurs de téléphonie mobile. Leur succès reposera d’abord sur l’aptitude à fédérer leurs clients autour de services communautaires et de solutions divertissantes. Les applications lourdes, grâce au GPRS et à l’UMTS, permettront ensuite le développement de nouvelles sources de revenus dont la structure se décomposera alors selon quatre types : les revenus d’accès au portail de l’opérateur ou à des portails tiers (services de type WAP) ; les revenus issus de l’abonnement à des services prémiums offerts par des fournisseurs de contenu ; les transferts d’usages (courrier, musique, images ou jeux) ; et, enfin, la publicité et le commerce en ligne.Les clients consacreront leur budget d’infocommunication aux deux premiers niveaux. Le troisième traduira un transfert de budgets existants vers le mobile, et le quatrième sera rémunéré par les annonceurs et les commerçants en ligne. Dans trois ans, la révolution Internet aura donc profondément transformé le modèle économique et l’organisation des opérateurs. Dans le même temps, ils seront devenus les médiateurs incontournables de cet univers et les principaux acteurs de son développement.”
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