Passer au contenu

Le mégacontrat, un mégarisque pour les SSII

450 millions de dollars, c’est la provision annoncée par Accenture suite au retard pris sur deux contrats avec le service national de santé britannique.

Accenture connaît des déboires outre-Manche. Lors de l’annonce des résultats de son deuxième trimestre fiscal, la société de services américaine a évoqué une provision exceptionnelle de 450 millions de dollars, suite au
retard pris par elle dans le projet de modernisation du système informatique de santé britannique.En décembre 2003, à la tête d’un consortium, la SSII se voit en effet attribuer le déploiement puis la future exploitation du nouveau système d’administration des patients de l’est et du nord-est de
l’Angleterre par le National Health Service (NHS), l’équivalent de la Sécurité sociale française. Soit deux contrats d’un montant estimé à 3,3 milliards d’euros sur dix ans. Selon Accenture, cette provision est
principalement la conséquence du retard engendré par l’un de ses sous-traitants majeurs, iSoft, concernant la livraison de logiciels.Même s’il se situe à une échelle plus modeste, cet épisode rappelle les problèmes rencontrés par EDS avec le contrat conclu avec la Marine américaine (contrat NMCI : Navy Marine Corps Intranet). Signé en
octobre 2000, ce projet titanesque ?” près de 6,9 milliards de dollars sur huit ans ?” vise à déployer un réseau unique et à moderniser un parc de plus de 400 000 PC et portables.

Un impact financier qui peut fragiliser

Ce contrat et quelques autres ont ainsi fait perdre six points de marge brute à la société en 2004. ‘ Des difficultés dues à une mauvaise visibilité de l’existant, tant du côté du client que de celui du
prestataire ‘,
résume Mike Koehler, qui gère le contrat NMCI pour EDS. Notamment, la diminution de valeur des biens repris avait mal été estimée. En outre, la société avait contracté un mode de facturation selon le nombre de
postes de travail déployés. ‘ Ce qui sous-entend de n’être payé que lorsque le PC devient opérationnel ‘, ajoute Mike Koehler. Or la SSII n’a commencé les grandes man?”uvres
qu’un an et demi après la signature. Le retard pris, alors même qu’EDS avait réalisé de gros investissements, a beaucoup fragilisé la SSII.De son côté, Capgemini fait face à la gestion difficile du contrat conclu avec Schneider Electric. Ce projet ?” 1,6 milliard d’euros sur dix ans ?” comprend une refonte du progiciel SAP au niveau
mondial plus complexe que prévu. ‘ Nous nous sommes mis d’accord pour reporter la livraison de six mois à un an ‘, a précisé Nicolas Dufourcq, le directeur financier de la SSII. Mais Capgemini a
d’ores et déjà provisionné près de 20 millions d’euros en 2005.Ces exemples illustrent les risques financiers encourus par les SSII sur de grandes opérations qui mêlent reprise de l’informatique et projet de transformation. Un montage qui s’applique désormais à la majorité des grands
contrats d’externalisation. Tout retard pris dans la construction du nouveau système peut s’avérer préjudiciable pour la SSII. Et donner lieu à des charges exceptionnelles. De bonnes relations entre le prestataire et le client
s’imposent alors pour rectifier le tir. Un défi qu’EDS a su relever : la Marine américaine vient de signer une prorogation de trois ans du contrat NMCI.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Olivier Discazeaux