L’évolution économique actuelle est marquée par deux phénomènes contradictoires : le traitement de plus en plus fréquent des problèmes économiques au niveau mondial, et celui des problèmes politiques à un niveau de plus en plus local. Cette divergence se retrouve quand on examine les contenus : les entreprises inondent les marchés internationaux de produits standardisés, même si, par des détails, elles donnent l’impression aux consommateurs que ce qu’on leur fournit est unique. Tout le monde achète la même automobile sous des aspects différents et s’abreuve des mêmes films réalisés en Californie.En revanche, les problèmes politiques sont traités sur des références historiques anciennes, remettant à l’ordre du jour des querelles et des irrédentismes sortis du plus profond des âges, des idées issues d’une vision moyenâgeuse de la religion. Tel est le constat fait par Benjamin Barber, un universitaire américain proche du parti démocrate, dans Djihad Versus Mac World. Pour contrecarrer ce qui est, en fait, une régression dangereuse, l’auteur propose le retour aux valeurs essentielles de la démocratie libérale. En particulier, il rappelle que ces valeurs n’ont pu s’imposer naguère que dans le cadre des États-nations.Il invite donc les politiques à ne pas baisser les bras en prétendant que l’économie moderne mondialisée va se passer de l’État. La victoire du marché en Russie ne sera celle de la démocratie que quand un État de droit aura été mis en place. Un livre important à faire lire à tous ceux qui croient que le marché peut tout, et que l’État, disqualifié par les pires héritages de la social-démocratie, doit se dissoudre au profit de revendications régionales rétrogrades.
*Professeur à lESCP
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