L’arbre de doit pas cacher la forêt ! Les grandes introductions actuelles ou à venir ?” comme celle de Nexans, la filiale d’Alcatel, pour 76,2 millions d’euros (500 millions de francs), ou Euronext (Bourse de Paris, Bruxelles et Amsterdam), pour 122 millions d’euros?” sont certainement le signal d’une reprise du marché parisien. Mais l’effervescence qui anime aujourd’hui le Marché libre, où de nombreuses entreprises du secteur technologie, média, télécoms (TMT) s’impatientent, est tout aussi significative.Créé en 1996, pour remplacer le hors-cote, le Marché libre ?” moins contraignant pour les jeunes entreprises car seule la publication de résultats annuels y est obligatoire ?” se révèle être un formidable tremplin pour accéder au Nouveau Marché, où la liquidité est plus importante. Sur ce dernier, les actions des sociétés sont cotées tout au long de la journée comme sur le Premier Marché. En revanche, sur le Marché libre, la cotation n’a lieu qu’une fois par jour à 15 heures. Pas de quoi séduire les gestionnaires de Sicav ou les grands fonds de pensions anglo-saxons, habitués à vendre et à acheter la même valeur en l’espace d’une journée.Mais tout le monde ne peut prétendre au Nouveau Marché. Pour y être éligible, une société doit montrer patte blanche en affichant au moins 230 000 euros de fonds propre. De plus, le conseil d’administration doit s’engager à publier des résultats trimestriels. D’où le risque de passer sous les fourches Caudines des analystes financiers. Lesquels ne sont pas toujours tendres !
Une volatilité moindre
Didier Charpentier, président et fondateur d’Itesoft (éditeur de logiciels de traitement de flux d’informations), en a fait récemment l’amère expérience. ” Nous avions toutes les conditions pour nous introduire au Nouveau Marché. Mais nous avons sous-estimé l’émotivité de la communauté financière. “ Suite à sa dernière alerte sur bénéfices (8 % au lieu de 16 %), le titre a chuté de 30 % en deux séances.Si Itesoft avait opté pour le Marché libre, la cotation aurait été suspendue. Sur ce dernier, les variations de cours par séance sont limitées à 10 % ! Sur le Nouveau Marché, la volatilité est la rançon de la liquidité.Cela n’empêche pas de nombreux candidats de se presser à son portillon, avant la fin de l’été ou au début de l’automne. “Une dizaine de dossiers sont actuellement à l’étude “, reconnaît Yannick Petit, PDG de Sr Consult France, cabinet spécialisé dans les introductions (Itesoft et Business et Décision sont ses dernières opérations) et les transferts des jeunes pousses vers le Nouveau Marché. D’ici à l’automne, une dizaine d’entreprises (Groupe Cyber Informatique, Euraltech, Serma technologies, Télémédia, etc.) devraient franchir le pas.Même son de cloche pour Jean-Louis Betriou, responsable du marché primaire chez KBC Securities, qui reconnaît étudier également une dizaine de projets de transfert.Pour Didier Duhem, cofondateur de la plate-forme d’introduction au Marché libre OTC Securities, ” le passage du Marché libre sur un marché réglementé correspond à un mouvement naturel. Plusieurs sociétés présentes sur l’ancien hors-cote possèdent le profil, nous en avons d’ailleurs sélectionné une vingtaine “.
Une étape transitoire pour de nombreux entrepreneurs
Et d’évoquer les introductions en Bourse de Solucom (télécoms et architecture de réseaux), transféré avec succès sur le Nouveau Marché en mars. Pour le directeur financier de cette société, Michel Decoisne, “le Marché libre a été l’école de la Bourse. Mais, la cotation au Nouveau Marché s’imposait afin de financer notre croissance externe “.Sous réserve du visa de la COB (Commission des opérations de Bourse), Euraltech devrait annoncer avant l’été une augmentation de capital, puis son passage au Second Marché ?” marché à structure capitalistique familiale des petites valeurs. “Nous ne sommes que trop restés sur le Marché libre, où nous sommes inscrits depuis décembre 1996. Nous avions essayé un premier transfert sur le Second Marché en 1998-1999, mais les conditions n’étaient pas propices, et nous n’avions pas la taille nécessaire “, avance le président du directoire, Pierre-Germain Pichon.Le spécialiste de l’ingénierie et des systèmes de production automatisés a dépassé en 2000 ses objectifs de chiffre d’affaires. Il s’établit en 2000 à 73,9 millions d’euros, soit une croissance de 42 %, et table sur un chiffre d’affaires prévisionnel pour 2001 de plus de 99 millions d’euros.Le Groupe Cyber (e-maker global de conception et de développement pour intranet, externet, internet), qui a réalisé un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros en 2000, adopte la même démarche. Il va s’introduire sur le Nouveau Marché, dans le meilleur des cas avant l’été.
Ne pas brider la croissance des entreprises
” Notre introduction intervient aujourd’hui essentiellement pour assurer notre croissance. Mais il est vrai que les conditions du marché s’améliorent. Les investisseurs s’intéressent de nouveau aux technologies de l’information. Ils ont intégré les données du secteur et ont revu à la baisse les valorisations “, déclare Michael Schwarz, PDG du Groupe Cyber.Ils s’appuient sur les moyens traditionnels de l’analyse financière comme le PER (Price Earning Ratio, rapport cours sur le bénéfice d’une action), ainsi que sur la structure et la pérennité du management pour juger de la valeur d’une entreprise. “Si notre transfert n’est pas urgent, il serait dommage de brider notre croissance. Et il faut bien s’introduire un jour. En plein marasme boursier, nous ne l’avons pas fait : nous ne sommes pas kamikazes. Solucom a pourtant opté pour cette solution. En attendant un peu, ils auraient obtenu une meilleure valorisation. Mais on ne peut attendre indéfiniment “, poursuit-il.Serma Technologies, spécialisé dans l’ingénierie des puces électroniques, est entré au Marché libre en 1999. La société confirme son introduction, accompagnée d’une augmentation de capital, sur le Nouveau Marché si possible avant l’été.La société Télémedia (numéros Audiotel et hébergement de services en ligne) envisage également son transfert, “mais pas avant l’automne, car nous souhaitons réaliser une opération de croissance externe “, explique Pierre Guillermo, son PDG.Avides de liquidités, les entreprises technologiques ont décalé leur transfert vers le Nouveau Marché en raison de la déprime boursière. Le temps de la reprise semble venu. “Mais les entreprises comme les banquiers devront tirer les leçons des excès de la fin 1999 et du début de l’année 2000. La communication financière se doit désormais d’être plus rigoureuse “, tranche Gérard Augustin-Normand de la société d’investissements Richelieu Finance. En un mot, tirer les leçons des dérives passées en matière de valorisation des entreprises de la Net-économie.
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