Ceux qui pariaient sur la mort du PC en entreprise devront attendre pour rafler leur mise. Pour la première fois depuis le début de l’année, la courbe des ventes de PC professionnels sur le marché français est – légèrement – en hausse. Selon IDC, lors du troisième trimestre 2000, les ventes de PC aux entreprises ont progressé de 3,3 % en volume comparé à la même période en 1999. Lors des deux premiers trimestres de l’année, les taux de croissance étaient respectivement de – 5,4 % et – 2,7 %. Un signe encourageant, donc, mais qui témoigne encore de la faiblesse des investissements tant il reste éloigné des 22,6 % de croissance enregistrés lors du troisième trimestre 1999. À en croire les constructeurs, cette frilosité des entreprises est plus sensible dans la clientèle issue des grands comptes et sur le segment des PC de bureau.
La faiblesse de l’euro accentue l’effet de croissance en valeur
Comme bon nombre de sociétés informatiques, les constructeurs invoquent la fin de l’effet an 2000 pour expliquer cette morosité persistante. “En 1999, les entreprises ont anticipé le renouvellement de leur parc pour passer sans encombre la date du premier janvier 2000. Les effets s’en font naturellement sentir sur leurs investissements de cette année”, explique Antoine Hénocq, le directeur général de Fujitsu Siemens Computers France. Tous les constructeurs interrogés partagent cette analyse. Facteur aggravant : la faiblesse de l’euro qui a perdu 30 % de sa valeur par rapport au dollar. Les filiales européennes des grands constructeurs, achetant les machines en dollars, voient le coût des PC augmenter automatiquement et, pour préserver autant que possible leurs marges, “les fabricants n’ont pas pu diminuer le prix moyen des PC, comme cela se fait habituellement sur le marché français”, commente Renaud Collery, vice-président de Dell division grand public et PME pour l’Europe du Sud. Résultat : alors que la croissance des PC professionnels et grand public est de 7,8 % en volume, elle est de 9 % en valeur sur le troisième trimestre 2000.À la même période en 1999, cette croissance était de 21,4 % en volume et de 16 % seulement en valeur. Profitable à la santé financière des constructeurs de PC, cette politique tarifaire a participé à l’affaiblissement des investissements. “Les entreprises qui prévoient d’acheter des PC aujourd’hui ont défini leur budget il y a déjà plusieurs mois en tenant compte d’éventuelles baisses de prix. Certaines se retrouvent aujourd’hui avec un budget dépassé”, poursuit Renaud Collery.Ces mêmes budgets ont aussi été reportés sur d’autres investissements, notamment dans l’achat de serveurs pour la mise en place d’applications de front office. “Au cours du premier trimestre, il y a eu une demande importante pour tout ce qui concerne les applications de front office. Or, la mise en place de ces solutions en entreprise engendre surtout des achats de ser- veurs et très peu de PC”, explique Jean-François Perret, le directeur général de Pierre Audoin Conseil.Le marché du PC professionnel doit lui aussi pouvoir compter sur des évolutions technologiques pour stimuler sa croissance. Ainsi, la migration vers Windows 2000, le système d’exploitation professionnel de Microsoft, peut être un de ces vecteurs. Selon Thierry Petit, le directeur marketing et e-commerce de Compaq France, “l’adoption d’un nouveau système d’exploitation est souvent lié à un renouvellement de parc. Les plans de migration de nos clients vers Windows 2000 sont prêts et devraient intervenir très bientôt”. Le nouveau système d’exploitation, gourmand en mémoire vive et en puissance du processeur, devrait engendrer le remplacement d’un plus grand nombre de machines que ne l’aurait fait la migration de Windows 95 vers Windows 98. Toutefois, les entreprises ne se ruent pas sur Windows 2000, on ne sait toujours pas quand la migration sera effective.
Les ventes d’EasyPC démarrent timidement
Sur le plan matériel, les nouvelles offres des constructeurs qui proposent des EasyPC (une machine à l’utilisation simplifiée et dont la taille permet une économie d’espace) pourraient, elles aussi, contribuer à des renouvellements de matériel. Compaq, Dell, Acer, HP et bien d’autres présentent une offre en la matière. Antoine Hénocq, de Fujitsu Siemens, déclare avoir vendu 3 000 de ces machines dans le courant du mois d’octobre. Une petite quantité qui témoigne tout de même du démarrage des ventes. Ces innovations ne devraient porter réellement leurs fruits que l’année prochaine. Toutefois, IDC prévoit une légère accélération de la reprise sur le marché du PC professionnel pour le trimestre qui vient de débuter. Un bon signe, qui ne doit toutefois pas être confondu avec un redécollage significatif.
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